Recherche dans le site

 

 

 

 

 

Accéder à la liste par AUTEUR

 

Accéder à la liste par TITRE

 

Accéder à la liste par THÈME

 

La page des livres non encore listés

 

L'ouvrage précédent :
La Parole de Dieu est appel à enfanter la vie 

L'ouvrage suivant :
Quand on change de pays et de voies spirituelles, doit-on renier sa culture ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Visionnaire de l'invisible
La littérature

'Dieu - entretiens avec Marie Drucker'
Frédéric Lenoir
(Laffont - 2011)

 

La Parole de Dieu est appel à enfanter la vie 

 

 Frédéric Lenoir, philosophe, sociologue et historien des religions, interrogé par la journaliste Marie Drucker, retrace dans son denier livre ‘Dieu’ l’aventure de Dieu dans l’histoire de l’humanité. Il s’agit d’une analyse d’un certain nombre de phénomènes qui sont par ailleurs étudiés par des historiens, des paléontologues… Dans cet ouvrage, l’auteur  décrit combien l’histoire des hommes est riche et complexe. Tentons cependant de résumer cette aventure de l’humanité  en quelques phrases,.

La religion de la préhistoire peut se définir comme une religion de la nature où l’on considère que le monde se compose de visible et d’invisible. Les hommes ont peur de ce monde violent qui les entoure et, en même temps, ils admirent sa beauté. « Tous partagent les mêmes croyances, les mêmes peurs et utilisent les mêmes moyens pour les exorciser. » (p. 15) La religion ritualise et codifie le sacré. Elle relie les hommes  à quelque chose qui le dépasse, à une transcendance. Mais cette religiosité n’est pas encore une ébauche de réponse à la question de l’existence que tout homme, un jour ou l’autre, finit pas se poser individuellement : « Quel est le sens de ma vie ? »

La naissance des cités va changer la religion en profondeur. Le chasseur - cueilleur vénérait les esprits des animaux qu’il tuait pour survivre. L’agriculteur vénérait le symbole de  la fécondité et de la fertilité, tandis que l’habitant des cités allait offrir au dieu masculin des cadeaux en échange de leur protection. Il allait inventer le bouc émissaire qui porterait dans le désert la violence des hommes, née du désir mimétique.

Une étape vers le monothéisme sera franchie plus tard quand les civilisations passeront du polythéisme à une hiérarchie des dieux, jusqu’à parvenir à l’idée d’un Dieu unique qui apparaîtra dans deux régions du bassin méditerranéen : celle de la Perse avec Zarathoustra et celle de la Judée avec Abraham et Moïse. 

Vers le milieu du 1er millénaire avant Jésus-Christ, Lao Tsu et Confucius en Chine, Mahâvîra et Bouddha en Inde, Pythagore en Grèce,  Zoroastre en Perse, les grands prophètes en Israël vont faire émerger  une nouvelle dimension de la vie spirituelle. Avec eux, la religion devient moins collective et plus personnelle. Dieu n’est plus simplement ‘au ciel’ mais il devient présent au cœur de l’homme.

En plusieurs chapitres, l’auteur continue à faire faire au lecteur un tour du monde religieux : la foi du peuple juif, la révélation par Jésus que Dieu est amour, l’Absolu impersonnel des sagesses orientales, le Dieu de Mohamed, les philosophes et la place de la raison, l’athéisme. Il se demande pourquoi les institutions défendant le monothéisme ont-elles été source de violence et, dans les derniers chapitres : Dieu parle au cœur, mais se pose la question : quel est son avenir ?

              Interrogé, tout au long de ces pages, par la journaliste Marie Drucker, l’auteur présente  cette aventure de Dieu d’une façon très vivante et dans des termes accessibles à un large public. Mais certaines réponses peuvent faire naître chez certains lecteurs une  interrogation. Pour l’illustrer, nous prendrons ici un seul exemple. Dans ses réponses sur ce que Jésus apporte d’original (cf. le chapitre 4 ‘’Jésus : Dieu est amour’ p.61…), Frédéric Lenoir présente ainsi celui qui se présente comme le Messie à la foi des apôtres : Au temps de Jésus, son peuple attend un Messie qui libérera Israël du joug romain. En espérant cette intervention de Dieu, le peuple se fait une idée précise de Dieu, capable d’intervenir avec force dans le domaine politique. Or Jésus se présente comme un messie qui veut libérer l’homme du mal qui le ronge intérieurement en restaurant la relation d’Alliance que l’homme a vocation à avoir avec Dieu. Jésus a conscience que son amour et sa puissance libératrice pour les hommes sont en quelque sorte enchaînés par la liberté des hommes, liberté qu’il respecte infiniment. L’auteur pense que la théologie trinitaire, Dieu Père, Fils et Esprit-Saint, « a la force de dire que l’amour est intrinsèque à l’essence de Dieu à travers la relation entre les différentes personnes divines. » (p. 82). Quelques lignes plus loin, il affirme que la foi des apôtres n’est pas trinitaire car ils croient que Jésus a un lien particulier avec Dieu mais « pas au point de considérer Jésus comme Dieu. » (p. 83) 

              Plus loin l’auteur fait une remarque importante quand il aborde le problème de l’athéisme : « Nous ne saurons jamais ce que pensent les gens au fond d’eux-mêmes au cours des millénaires écoulés… Si la liberté de conscience et d’expression avait existé, il y aurait sans doute eu de nombreux témoignages d’athéisme. »  (p. 188) Pourquoi faire cette remarque uniquement à propos de l’athéisme ? Au fond d’eux-mêmes, que pensaient les apôtres de Jésus après la résurrection ? La culture juive leur avait-elle donné les mots pour proclamer que Dieu est Trinité ? Jésus a révélé un autre visage de Dieu non pas en faisant un cours de théologie mais en faisant des gestes surprenants, accompagnés de paroles étonnantes, comme au soir du lavement des pieds, en inventant des paraboles comme celle du fils prodigue, en se retirant quand on cherchait à le faire roi, en ne polémiquant pas quand certains l’accusaient de se faire l’égal à Dieu, en laissant Thomas lui dire après la résurrection ‘Mon Seigneur et mon Dieu’… L’auteur pense que les apôtres n’avaient pas la foi en la Trinité et qu’ils ne reconnaissaient pas Jésus comme Dieu. Pourtant, s’ils ont osé affronter la mort comme leur maître, n’est-ce pas parce que Jésus représentait pour eux beaucoup plus qu’un prophète ?

Frédéric Lenoir, ayant une conception de la spiritualité qu’il définit à partir de la quête spirituelle qui existe en l’homme, lit l’aventure humaine avec ses yeux et son expérience. L’auteur rejoint ainsi ceux et celles qui se reconnaissent dans les ‘valeurs chrétiennes’, mais qui estiment pouvoir les vivre sans le carcan chrétien (hiérarchie, dogmes, sacrements…). Mais il n’explique pas pourquoi le christianisme, malgré l’emprise de l’Eglise sur la société, a permis de développement, au plus haut point, de la rationalité, mais aussi des notions d’égalité, de fraternité ou de respect de la dignité humaine sur lesquels viendront se fonder les droits de l’homme…  L’auteur a raison de dénoncer les dérives de l’Eglise, mais heureusement que cette institution a laissé son temps à l’Esprit-Saint et à la raison humaine pour laisser mûrir les mots qui affirment que Dieu est Trinité, que Jésus est, en même temps, pleinement homme et pleinement Dieu… Que serait-il arrivé si cette recherche avait été laissée aux mains des seuls ‘spirituels’ ? L’Eglise a toujours défendu le fait que la quête spirituelle puisse se définir à partir de la recherche de Dieu, mais aussi à partir d’une exigence de vérité, fondée sur les capacités de la raison humaine, à partir  aussi d’une volonté de donner sa vie par amour pour les hommes les plus démunis, d’une soif de justice... Pour le chrétien, Dieu s’est fait homme pas seulement pour répondre à l’attente spirituelle des hommes mais surtout pour assumer totalement l’existence humaine  dans toutes ses dimensions. Jésus, ainsi, offre à son Père l’aventure de l’humanité, transformée par la résurrection et le don de l’Esprit-Saint. « Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. » (1ère lettre de saint Jean 3,2)

 

 

Janvier 2012, RP

 

 

 

La page du site de l'éditeur

Haut de page