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Notre foi interrogée par Jésus fidèle à sa culture juive

Texte de référence

 

 

Pour une création nouvelle - © Virginie Lecomte

 

Foi en Dieu et foi en l’homme

 

 

 

 

Que signifie avoir la foi dans notre contexte de post-modernité ? Le fait d’avoir la foi détermine-t-il une manière d’être dans le monde ? La foi apporte-t-elle un supplément de pertinence et de cohérence sur les débats actuels ? La foi peut-elle être considérée comme un espace privilégié de rencontre entre chrétiens et musulmans ?

Ces questions ont été débattues par Christian Salenson, directeur de l’Institut des Sciences et Théologie des Religions de Marseille et par Ahmed Bouyerdene, chercheur indépendant en Histoire lors d’une conférence à deux voix à Nîmes le 28 septembre 2012 .

 

La foi peut être appréhendée selon trois aspects : la foi confessée, la foi vécue, la foi célébrée. La foi confessée désigne un ensemble de croyances auxquelles, une personne et/ou une communauté de croyants donne son adhésion. Différentes selon les religions, certaines peuvent aussi être communes à plusieurs religions. Il en est ainsi pour les religions abrahamiques qui sur certains points confessent une foi commune.  

Chaque communauté et chaque croyant célèbre la foi. Les formes de cette célébration mettent en œuvre des textes sacrés et des rites dans lesquels cette foi s’exprime : prières, célébrations, pèlerinages, rites alimentaires etc…

 La foi comporte une autre dimension qui est la foi vécue.  Que serait une foi confessée ou une foi célébrée qui ne serait pas partiellement vécue ?

Avec Ahmed nous ne voulions pas partir sur un débat autour de la foi confessée dans nos traditions religieuses respectives car l’histoire nous apprend qu’ils ont été stériles et pire, souvent facteurs de division. Or, a contrario, je voudrais dire en commençant le bonheur que j’ai de faire cette conférence avec Ahmed. J’éprouve à son égard de profonds sentiments amicaux. J’ai une grande estime pour son travail de recherche en particulier sur ce grand mystique musulman qu’est Abd-el-Kader dont il est un des spécialistes reconnu (Ahmed Bouyerdenne,  Abd El-Kader, l’harmonie des contraires, Seuil, 2008. ). Je crois en une complicité de foi plus loin que nos appartenances religieuses… Je voudrais parler de la foi vécue selon trois points d’attention :

* Je parlerai de la foi en général autour d’une idée : La foi est un  art de vivre (Benoit XVI, jubilé des catéchistes, an 2000)
* Puis j’essayerai de dire en quoi la foi en Dieu appelle pour moi une foi en l’homme.
* Enfin j’essaierai de dire jusqu’à ce jour comment je comprends l’importance de la foi des autres pour moi et comment c’est un espace privilégié de rencontre entre chrétiens et musulmans. 

 

 

I- La foi, un art de vivre

 Je considère que la foi est le ‘bien’ le plus précieux que j’ai reçu pour vivre. Et ma prière ultime et fréquente consiste à demander à Dieu, quoi qu’il arrive de me garder dans la foi et d’augmenter ma foi. Peut-être parce que je sais d’expérience ce que la  foi permet de vivre et de surmonter. Je sais aussi que la foi n’est pas un bien que l’on possède. J’en dirai un mot tout à l’heure. La foi n’est pas sans variations au long d’une vie précisément parce qu’elle est vivante et que tout ce qui vit varie.

Elle est à mes yeux un art de vivre que d’ailleurs je peux reconnaître chez des personnes qui ne confessent pas la foi. Quand je dis qu’elle est un art de vivre, je veux dire qu’elle entraine des attitudes, des manières d’être au monde. Je vais retenir deux ou trois aspects.

La foi vécue est réponse à des signes

Dieu parle à travers la création. Le Coran dit : il y a des signes pour ceux qui savent voir… et Jésus dit : vous savez reconnaître aux nuages quel temps il fera demain et vous ne savez pas reconnaître les signes des temps… Les signes dans une vie sont nombreux.

Les signes de la création sont donnés à tout le monde. « Les cieux racontent la gloire de Dieu, l’ouvrage de ses mains le firmament l’annonce … » Comment ne pas se laisser toucher par cette beauté de ce grand livre de la nature (le liber naturae des anciens) ?

Il y a aussi des moments de l’histoire de l’humanité dans lesquels il faut savoir reconnaître des signes. A mes yeux, la pluralité culturelle et religieuse est un des signes de notre temps. Je crois que Dieu veut écrire une nouvelle page de l’histoire de l’humanité à travers ce brassage de population.

Et puis il y a des signes dans la vie personnelle, des signes adressés à chacun : des évènements, des rencontres, des gens sur notre route à un moment, des amis, cadeaux venus du ciel… La foi consiste à les reconnaître, à reconnaître à travers eux Celui qui est à l’origine de tout don …

Cela demande donc un certain regard sur les choses. Il y a ce qui se voit mais il y a surtout ce qui ne se voit pas … Je goûte avec une certaine gourmandise cette phrase de la lettre aux Hébreux : « Par la foi nous comprenons que les mondes ont été formés par la Parole de Dieu de telle sorte que ce qui se voit provient de ce qui n’est pas apparent.. »

 

Ne pas connaître les chemins

La foi vécue est réponse. Elle est réponse aux événements, aux rencontres, aux appels de la vie. On ne construit pas sa vie. On n’en décide pas tout seul. On ne la maîtrise pas ! Et on maîtrise encore moins celle des autres ! La foi est réponse. Saint Paul parle à ce propos de « l’obéissance de la foi ». Il s’agit bien de répondre avec foi, dans la confiance, aux appels que la vie nous adresse personnellement et collectivement.

Or d’expérience nous savons, à la suite de beaucoup d’autres, que cette réponse nous conduit sur des chemins de renaissance que l’on n’avait pas imaginés. Comme Jésus l’a dit à Nicodème, il faut renaître d’en haut. Mais on ne sait pas où on va ! « Le vent souffle où il veut. Tu entends sa voix mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit de Dieu ».

La foi est souplesse ! La croyance est parfois raideur, d’autant plus que nous ne comprenons pas grand’ chose !  La foi est souplesse aux événements, aux appels etc… J’ai remarqué que quand cette souplesse pour répondre dans la liberté aux appels reçus, n’y était pas, on souffre inutilement.

 

La peur ou la foi

L’ennemi de la foi n’est pas tant le doute que la peur. Je me souviens d’un livre que j’avais lu lorsque j’étais jeune qui s’appelait « La peur ou la foi » (Maurice Bellet, La peur ou la foi. ). Je ne me rappelle que du titre mais il m’a accompagné toute ma vie…

La foi combat le pire des ennemis : la peur !  La peur génère des crispations de toutes sortes, à l’intérieur de soi comme dans les relations avec les autres, y compris des crispations sur les croyances. Elle génère une volonté de maîtrise des situations et des personnes. Elle se voit dans l’exercice autoritaire de la responsabilité. Je vérifie que je suis un homme de foi quand je donne ma confiance à l’autre dans telle ou telle tâche ou fonction que je lui ai confiée… C’est un lieu de vérification de ma foi réelle.

             

La foi rend libre

La foi est subversive. J’ai toujours été subjugué par la liberté de Jésus, par rapport aux pouvoirs religieux et politique, y compris par rapport aux règles religieuses de son temps – en quelque sorte le droit canon de l’époque ! - . Il est libre par rapport à la mentalité de son temps (Jurgen Moltmann, La liberté du Christ, Ed. du Cerf.). Il est libre par rapport à l’idéologie de l’identité juive. Il est libre par rapport à l’idéologie vis-à-vis des femmes… ou des enfants, considérés alors comme des domestiques.

Je me suis souvent demandé d’où Jésus tenait une telle liberté. Ce n’est pas n’importe quelle liberté ! La liberté que donne la foi libère de toutes les formes de l’idolâtrie ! Le pouvoir, l’argent, les idoles fait de mains d’hommes, les idéologies du moment... Les idoles ont des yeux et ne voient pas, une bouche et ne parlent pas etc.. Comme elles sont ceux qui les font ! Jésus est anti-idole au possible. etc.. Où puise-t-il une telle liberté ? Il me semble qu’il sort cette liberté de sa relation au Père comme seul absolu et de sa fidélité à la vie, et aux personnes qu’il rencontre plus loin que toutes les règles...

             

Eloge du doute

Je dois beaucoup au doute ! Au risque de surprendre, j’ai presqu’envie de faire l’éloge du doute. Chaque fois que ma raison a remis en cause ma manière de penser tel ou tel aspect de la foi, j’en suis ressorti avec une vue plus large, plus profonde, plus réelle, plus vitale de ce que je confessais auparavant sans trop savoir. Il a été un puissant moteur pour avancer dans l’intelligence de la foi. Chaque fois que j’ai douté, j’ai été conduit à faire un pas de plus, à quitter une compréhension que j’avais à un moment donné pour quelque chose de plus profond, de plus vrai existentiellement… le chemin n’est pas fini !

Ce doute là est positif ! Parfois, dans ma vie, j’ai dû aussi arreter ma réflexion et dans un acte d’abandon remettre mon esprit et mon intelligence entre les mains de Dieu en lui demandant de m’éclairer. La raison a ses droits mais il y a une aussi humilité de la raison à avoir…

Le doute de la raison est positif. Il est un autre doute qui n’est pas celui de la raison qui interroge, mais qui est celui de l’être, un doute plus existentiel. C’est celui par lequel on doute de soi ( je ne dis pas : se remettre en cause. Précisément L’incapacité à se remettre en cause est le signe d’une grande fragilité ) … et pareillement on doute de l’autre et on doute de Dieu, non pas de son existence mais de sa disposition à notre égard. Ce doute là je le combats !

 

Dieu

J’ai du renoncer ainsi à l’idée que je me faisais de Dieu. Et Il est probable que ce ne soit pas fini. La question de son existence ne se pose pas vraiment. Je crois cette question inintéressante. La question n’est pas de savoir si Dieu existe mais qui il est ? Pour moi, aujourd’hui, Dieu c’est le Réel. Je ne dis pas la réalité. La réalité n’est que l’apparence des choses et le réalisme, trop souvent vanté, n’est qu’une manière de se laisser emmurer dans le monde et dans les choses. Le Réel invisible est juste un peu au-delà de la réalité visible.

Dieu est un mot qui désigne un inconnu… Il est précisément ce que l’on ne sait pas, insaisissable… Il est à chercher du côté de la Source, du fondement de la réalité, de l’amour et de la communication… Le Père est « L’amour en sa Source » ( Ad Gentes, n° 2. ) et donc aussi le pardon en sa source. Je crois la Source intarrissable !

             

II- Foi en Dieu / foi en l’homme

 

Derrière cette expression je ne mets pas d’abord un engagement militant pour défendre l’homme bien que j’en connaisse l’urgence. Je ne mets pas non plus un discours moral. Je crois la vie est trop belle pour être d’abord une question d’éthique. La critique de la Loi chez saint Paul, a été pour moi un véritable souffle de liberté. Aussi utile soit la Loi, l’observance de la loi est incapable de nous sauver. Ils sont tellement vite hypocrites nos discours, sur la doctrine sociale de l’Eglise par exemple… plus faciles à dire aux autres qu’à mettre en œuvre dans l’Eglise … La Loi est utile, « juste et bonne »   mais comme un « pédagogue » selon l’expression de Paul.

Il m’arrive de soupçonner les discours éthiques, lorsqu’ils se font trop abondants ou trop intransigeants  d’être une habile manière de contourner la dimension spirituelle de l’existence … L’éthique peut tenir lieu de foi ! Mon discours sur la foi en l’homme ne sera donc pas d’abord un discours moral !

 

L’ambiguïté de la religion

La manière dont l’homme est considéré juge les religions. La religion fait mal à l’homme chaque fois qu’elle se sert de Dieu contre l’homme. Les intégrismes de quelque religion se servent de Dieu contre l’homme. On a longtemps opposé les droits de l’homme aux droits de Dieu, avant de comprendre que peut-être Dieu revendique des droits pour l’homme. Aujourd’hui encore, quand on se sert des sacrements comme de sanctions, « des instruments de discipline », pour reprendre l’expression  du cardinal Martini (Cardinal Martini, « Que peux-tu faire toi pour l’Eglise », Documentation catholique, n° 2496, septembre 2012. ), à mes yeux, on se sert de la religion contre l’homme et contre Dieu. La conversion de l’Eglise sera toujours le meilleur chemin de l’évangélisation.

 

La foi comme instance critique

La foi fonctionne comme une instance critique. Elle me fournit deux points d’ancrage pour évaluer les discours dominants : Il n’y a de Dieu que Dieu ! Et l’homme est sacré ! Je ne connais pas d’autre absolu que Dieu… et d’une certaine manière que l’homme. Cela juge tous les discours des politiques, des religions, de l’idéologie du moment…  y compris les miens !

On parle beaucoup de la crise ? Quelle crise ? la crise économique ? Peut-être mais surtout la crise du sens de la vie, du sens de l’homme dans une Europe où on a mis toute notre foi dans l’Economie.

 

La foi en l’expérience

La foi en l’homme est d’abord une expérience vécue. L’homme est un tabernacle. L’homme est le tabernacle d’une présence, de la Présence. Dieu habite en l’homme.

J’ai rencontré parfois le souffle brûlant d’une présence dans des rencontres parfois éphémères… parfois dans des rencontres dans la durée, des rencontres qui furent de véritables expériences d’Emmaüs. Les unes et les autres ne dépareraient pas comme un nouveau chapitre de l’Evangile !

J’attribue une immense importance à la rencontre. Certaines peuvent être de vraies visitations quand la parole de l’un vient faire vibrer le cœur de la vie de l’autre et réciproquement . Ce fut l’expérience décisive de Christian de Chergé (Christian Salenson, Christian de Chergé, Retraite sur le Cantique des cantiques, Paris, Ed. DDB, à paraître décembre 2012. ).

Les amis, les êtres que l’on chérit, sont de véritables cadeaux reçus du ciel. Ce qui se passe avec eux n’est pas étranger à l’Absolu. Deux personnes qui s’aiment vraiment, que font-elles sinon l’expérience du divin comme l’ont magnifiquement chanté des mystiques chrétiens (Jourdain de saxe, Aelred, Bernard …)… ou musulmans  (Rumi par exemple ) !

 

Le culte véritable

Là se trouve le culte véritable. Le culte véritable est rendu à l’homme dans l’amour. Qu’il s’agisse de l’amour de nos plus proches ou qu’il s’agisse de se faire le prochain de ceux qui ont besoin de notre présence. Le culte qui plait à Dieu c’est de prendre soin de la veuve et de l’orphelin, disaient les prophètes. La métaphore désigne le souci de l’autre, le soin de l’autre que beaucoup vivent, ne serait-ce qu’au travers de leur profession : personnel soignant, enseignants etc…

Parfois ils n’en perçoivent pas tout à fait la dimension mystique, c’est-à-dire la dimension mystérieuse. Dieu s’est fait homme n’est pas une histoire qui concerne Jésus uniquement mais la révélation en Jésus que Dieu ne cesse de se faire homme. Dieu se donne à connaître au plus intime de l’homme, en soi « entre dans ta chambre », ou en l’autre : ce que vous avez fait au plus petit, c’est à moi que vous l’avez fait. Il faudra faire le ménage dans sa vie, pour faire un peu de place, mettre un terme à nos commerces avec Dieu en renversant les tables de tous nos marchandages, accepter qu’il vienne même si la maison n’est pas complètement en ordre. Le temple, l’unique temple c’est le corps, dit Jésus… Le sien… celui de l’autre… Voilà le culte véritable !

C’est de là que s’élève la protestation contre l’homme bafoué…


 

III- La foi comme espace de rencontre Musulmans /Chrétiens

J’en viens au troisième point de cette brève intervention. Est-ce que la foi est un espace privilégié de rencontre entre musulmans et chrétiens ?

 

Les religions

Les religions peuvent séparer, la foi vécue rapproche. Les religions peuvent séparer parce qu’elle sont ambiguës. Elles peuvent tendre à s’identifier à l’Absolu qu’elles ont vocation de servir. Mais aucune religion n’est absolue. Il n’y a d’absolu que Dieu et les religions sont relatives à cet unique Absolu.

Elles peuvent séparer car elles confondent la confession de la foi avec la vérité que ces articles de foi désignent. Elles confondent les formulations de ce qu’elles croient avec l’objet de la foi. Ce n’est pas le catéchisme qu’il faut croire mais ce que le catéchisme désigne (Henri de Lubac :  La révélation divine,  Paris, Ed. du Cerf, 1983, p.159-160, Hans Urs von Balthazar, La gloire et la croix, t. 1, 1965, p. 469 et p. 504-505).

Enfin parfois pour des motifs moins nobles encore !

 

La foi

La foi vécue rapproche. Plus chacun vivra sa foi réelle, plus ce sera un lieu de rencontre. Le canal de nos religions reçoit, plus ou moins bien, l’eau d’une Source unique. Aussi, avec l’aide de ma religion, plus je me rapprocherais de la Source plus je me trouverais à portée de voix de l’autre qui fait un chemin semblable de pèlerinage à la Source. La foi vécue cherche à aller vers la Source… vers la Vie…

De Source, il n’y en a qu’une ! Elle est Unique. Aussi, sitôt que quelqu’un se risque tant soit peu dans cette recherche d’aller vers la Source, il se rapproche inévitablement de tous ceux qui font le même chemin que lui, quels que soient les itinéraires qu’ils empruntent…

 

L’unité

C’est pourquoi, j’ai foi en une unité plus grande que nous (Jean-Paul II, Discours aux cardinaux et aux membres de la curie du 22 décembre 1986. « L’unité est radicale, fondamentale et déterminante »), qui transcende toutes les différences. Nous sommes mystérieusement réunis ensemble dans le cœur de Dieu. Nous avons une même origine. Nous venons de Dieu. Nous avons une même fin : nous retournons à Dieu. Nous avons encore en commun d’être assis ensemble à la table des pécheurs. De cela nous sommes sûrs ! Nous avons en effet en commmun d’être des pécheurs. Nous confessons dans nos traditions religieuses respectives que nous sommes couverts par la miséricorde de Dieu. Je crois que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et qu’aujourd’hui il étend sur nous le manteau de sa miséricorde, si nous voulons bien nous laisser couvrir par son pardon.


 

Les différences

Les différences existent ; elles sont bien réelles ! Elles ont aussi leur raison d’être. Le Coran dit qu’elles servent à l’émulation : si Dieu l‘avait voulu, il aurait fait une seule communauté… Jésus dit que toutes les brebis ne sont pas dans la même bergerie… J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie…

Les différences sont belles et inconfortables. Belles comme toutes les différences : homme/femme par exemple ! Les différences religieuses aussi sont belles parfois ! Nous sommes parfois éblouis et entraînés par la beauté d’un croyant d’une autre religion comme Christian de Chergé le fut par sa rencontre avec Mohammed le garde-champêtre.  «  Cet homme a libéré ma foi », disait-il de lui avant même que Mohammed lui sauve la vie en exposant la sienne. La vie de Christian en fut définitivement transformée et il n’a cessé de puiser à cette source pour aller jusqu’au don total de sa vie.

Belle et Inconfortable ! Inconfortable parce que la différence vient me déloger constamment du confort que je peux trouver en m’installant dans une manière de croire, dans un certain rapport à la vérité, dans une formulation de la foi… pour me rappeler qu’il n’y a qu’un seul Absolu qui fait lever le soleil sur les uns et sur les autres…

 

La prière

Il y a un lieu qui est privilégié, du moins à mes yeux : la prière. Je ne considère pas ma prière comme supérieure à celle des autres car Jésus m’a appris que dans ce cas, ce serait la prière du pharisien et Dieu ne peut la recevoir !

J’ai appris de mes frères de Tibhirine que j’étais un priant parmi d’autres priants. Les autres priants m’intéressent ! J’essaie de vivre ma prière en relation avec ces autres croyants pour anticiper maintenant dans la prière une communion que je crois déjà acquise dans le cœur de Dieu pour les siècles des siècles. Humblement, avec d’autres amis chrétiens avec qui je me sais en communion, nous essayons de dire quotidiennement le Notre Père en faisant mémoire de ces frères qui prient autrement le même Dieu (« Avec nous ils adorent le Dieu unique… » Lumen Gentium, n° 16).

Il me semble que le véritable espace de la rencontre, qu’on se le dise ou que cela se passe dans le secret des cœurs, c’est quand nous acceptons de nous tenir en vérité au fond de nous-même, ou devant Dieu …  

 Parfois on le goûtera parce qu’on en parlera… plus souvent on n’en parlera pas parce que l’on n’aura pas l’occasion mais le meilleur chemin de la rencontre de l’autre c’est que chacun s’avance par son propre chemin dans la rencontre de Dieu et de lui-même. Il n’y a pas de meilleur chemin pour l’œcuménisme et pour le dialogue interreligieux.


 

 

Conclusion

Voilà ce que je pouvais dire en quelques mots. Je ne voudrais pas laisser penser que parce que je le dis, je le vis ! Hélas, Je suis un homme encore partagé ! Je sais tout ce que la foi permet. Je connais la liberté qu’elle donne par rapport à la société, aux slogans, à la loi, à la religion… Je sais que c’est un chemin de vie extraordinaire. J’ai goûté au bonheur de croire…

Et en même temps je peux constamment être un homme de peu de foi ! Je suis toujours prêt à douter… Je tombe moi aussi dans les travestissements de la foi…

 

 

 

Père Christian Salenson - Adresse de messagerie :   csalenson@cathomed.cef.fr

 

 

 

 

 


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