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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

QUELLE CONNERIE LA GUERRE !

Le silence de la mer
Réalisateur : Jean-Pierre Melville
Sortie : 9 novembre 2005


Le silence de la mer

    Dans un village français, sous l’Occupation, un homme âgé et sa nièce sont contraints d’héberger un officier allemand, logé par la Kommandantur. L'officier, délicat et féru de culture française, est partisan d'un rapprochement entre les deux pays. Il aime venir chaque soir leur parler mais, pendant des mois, les hôtes opposent à leur locataire forcé un inébranlable silence. Progressivement, une passion toujours tue se noue entre la nièce et l'officier. Ce dernier essaie par des métaphores peu dissimulées de dépasser l'indifférence et le mépris qui lui sont réservés. Au cours d'une permission à Paris, une conversation avec des officiers amis lui apprend d'abord que la collaboration mise en place avec le gouvernement français n'est qu'un prétexte pour détruire la culture française, trop dangereuse pour l'affirmation du nazisme en Europe. Ensuite, il découvre l'existence des camps d'extermination et voit sous un jour nouveau ses amis d'avant-guerre. De retour en province, il décide de quitter le pays pour partir se battre sur le front de l’Est. Après avoir donné les raisons de sa décision à ses hôtes, la nièce lui parlera, pour la première et dernière fois, en lui adressant un adieu à peine audible. Le lendemain à l'aube, il découvre une coupure de presse, laissée à dessein par l'oncle, reprenant une phrase d’Anatole France : « Il est beau qu'un soldat désobéisse à des ordres criminels. » Torturé en son for intérieur, l’officier décide de partir. Résigné.

Tourné deux ans après la Libération, fidèle  adaptation de la nouvelle de Vercors ce film est à la fois une ode à la Résistance et un bouleversant appel à dépasser les préjugés.

Ce film de JP. Melville a été considéré comme le tout premier précurseur de ‘’La nouvelle vague’’ qui l'a reconnu comme tel avec Les dernières vacances (Roger Leenhardt, 1948), La pointe courte (Agnès Varda, 1954) et Les mauvaises rencontres (Alexandre Astruc, 1955).

Alors que le coût moyen d'un tel film était à l’époque de cinquante millions de francs, Melville le tourne en 27 jours, en 1947, pour six millions de francs. Sans argent, il n'achètera pas les droits d'adaptation du roman de Vercors, ancien typographe-dessinateur et fondateur, dans la Résistance, des Editions de Minuit. Quand l'écrivain verra le résultat, il lui donnera après coup son accord, séduit par ce film ascétique en rupture avec le ton emphatique trop souvent de rigueur à l'époque. Son chef opérateur, Henri Decae, signe lui aussi à cette occasion son premier long-métrage et travaille presque sans éclairage avec des interprètes non maquillés. Dans la mesure où Melville n'a pas demandé d'autorisation de tournage et qu'aucun collaborateur de création n'a de carte professionnelle, la postproduction sera assez longue pour régulariser les diverses opérations. La première projection, privée, n'aura lieu qu'en novembre 1948 et la sortie commerciale en avril 1949.

Le silence de la mer s'attache à analyser le refus d'une jeune française et de son oncle de lier conversation avec un officier allemand, exprimant pourtant un sincère attachement à la culture française. Cultivant déjà son goût des huis clos et des règles théâtrales, Melville renforce le monologue de l'officier en ne faisant s'exprimer le vieux narrateur qu'en voix off subjective. Le récit conserve ainsi l'allure réflexive du livre où un allemand idéaliste découvre qu'il n'existe pas de "bonne guerre". Assez statique, la mise en scène tourne autour de l'âtre devant lequel s'exprime l'occupant. A part quelques gros plans insistants, la réserve de la réalisation traduit bien l'impossible éclosion d'un amour étouffé par les circonstances. Sans cette ascèse formelle, le film risquait de tourner à la tragédie classique de l'amour et du devoir. Grâce à elle, il propose une réflexion plus ambiguë et plus proche de la complexité de cette époque troublée.

Ce film fait partie du cycle ‘’Quelle connerie la guerre’’, proposée par le Forum des images. Sans montrer aucune violence physique, le film fait ressentir l’extrême violence de l’incommunicabilité entre les personnages qui ne peuvent pas se rencontrer à cause de la situation d’occupation.

Melville a donné à son film un rythme que certains n’ont pas compris en lui reprochant un aspect lent et statique. En fait le rythme du film est celui de la France occupée, un rythme intérieur, celui des cœurs blessés par la défaite et la capitulation, trompés par les duperies de la collaboration et de la relève, des cœurs qui s'engagent dans la résistance. Non pas une résistance héroïque et parfois désespérée dans un combat contre un occupant tout puissant, mais une résistance contre la possibilité d’un amour entre les hommes; la résistance du silence et de la colère, d'autant plus meurtrière que, si elle ne cause pas la mort d'hommes, elle entraîne la mort d'un amour et un départ qui ressemble à un suicide de l'Homme.

 

Jean-Claude D’Arcier - Octobre 2014

 


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