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La Vie spirituelle renouvelée

Texte de référence

 

Pour une création nouvelle - © Virginie Lecomte

L’Esprit crie avec nous
jusque dans nos enfers

             « Que cherchez-vous ? » Ce sont les premiers mots prononcés par Jésus dans l’évangile de Jean.  Les deux disciples qui suivent Jésus répondent : « Maître, où demeures-tu? » 

Que cherchons-nous alors que notre monde est en plein bouleversement et que bien des repères pour une vie personnelle ou liés à d’autres ne sont plus très lisibles ? Où Dieu peut-il demeurer dans notre monde, notre famille et en nous-mêmes alors que beaucoup sont blessés actuellement par des tremblements de toutes natures… alors que  des millions de personnes se révoltent contre toutes sortes de famines, aspirant à la dignité, luttant pour plus de vérité, de justice, exprimant leur générosité par des milliers d’initiatives… ?

Peinture de Isabelle de HédouvilleEt pourtant, même dans ce monde en mutation qui laisse bien des peuples dans le désert, « La présence et l’action de l’Esprit sont universelles, sans limites de temps ou d’espace. » rappelle Jean Paul II dans son Encyclique Redemptoris missio. L’Esprit intervient en tous les hommes auxquels il est présent et agissant par des cris inexprimables (Rom. 8-26). L’Esprit crie aussi ‘Abba, Père’ avec ceux et celles qui cherchent Dieu, qui reconnaissent Dieu comme un Père proche d’eux, ceux qui ont soif d’aller au-delà du visible. En criant ainsi en et avec chaque homme, l’Esprit continue ce qu’il a réalisé de façon plénière en Jésus.        

Mais qu’en est-il de tous ces cris de révolte, de vengeance, d’écrasement, de violence… qui traversent l’histoire des chacun et de beaucoup de peuples ? Peuvent-ils être habités par le divin ?

 

Un visage de Dieu déconcertant

Dans l’Ancien Testament, le livre des psaumes rassemble les prières du peuple juif. Elles expriment les sentiments qui travaillent son cœur. Elles sont déconcertantes car ce peuple n’hésite pas à crier ses sentiments à Dieu de façon très crue. En voici quelques exemples pris uniquement dans les 10 premiers psaumes  alors que ce livre en contient 150.

« À  pleine voix, je crie vers toi, Seigneur…Tu frappes mes ennemis à la mâchoire… »  (Ps 3)
« Quand je crie, réponds-moi, Dieu ma justice… » (Ps. 4)
« Seigneur, comprends ma plainte… Tu extermines les menteurs… » (Ps 5)
« Loin de moi, vous tous, malfaisants, car le Seigneur entend mes sanglots. » (Ps 6)
« Seigneur, sauve-moi… tous ces fauves vont m’égorger. » (Ps. 7)
« Je te rends grâce, Seigneur… mes ennemis s’écroulent et périssent… tu fais périr les méchants… Pourquoi es-tu si loin ? … Brise le bras de l’impie… les païens ont péri… » (Ps. 9)
« Seigneur, au secours… Supprime ces lèvres menteuses… »  (Ps.10)

 

Ce sont des cris de désespoir, de révolte, de vengeance, souhaitant la défaite des ennemis… Et Jésus, qui n’est pas animé par un esprit vengeur, les a médités et chantés avec son peuple. L’Esprit Saint serait-il présent dans ces hommes qui semblent ignorer ce qu’est le pardon, la non-violence, le sens de sa propre responsabilité ? L’Esprit Saint peut-il inspirer des prières où apparaît une humanité partagée entre les bons et les méchants ? L’Esprit Saint peut-il continuer la création avec nous alors que notre cœur est tellement  encombré de sentiments extrêmes même envers Dieu ? Le psaume 87 crie le désespoir des enfants de Dieu :

 

Peinture de Isabelle de Hédouville« Ma vie est au bord de l’abîme…

Ma place est parmi les morts, avec ceux que tu as exclus… 

Je crie vers toi dès le matin, ma prière te cherche…

Je n’en peux plus d’endurer tes fléaux…

Pourquoi me rejeter, cacher ta face ? …

Tes effrois m’ont rendu au silence. »

Il se termine par cette constatation terrible :

«  Ma compagne, c’est la ténèbre. »

 

Et quand on prie ce verset du psaume 109,6 : « Seigneur, suscite le méchant contre mon accusateur…que sa prière soit tenue pour péché », on peut légitimement se poser la question : quelle idée se faisait de Dieu ce psalmiste ?

 

Au cours de l’histoire du peuple élu, Dieu s’est souvent mis en colère et il est décrit comme un Dieu violent. On trouve dans l’Ancien Testament un millier de textes  où Dieu est présenté comme un Dieu vengeur et colérique. Comme l’écrit Paul aux Romains: « Dieu serait-il injuste et déchaînant sa colère ? (Je parle de manière humaine.) Jamais de la vie ! » (3,5)  La Bible présente ce trait de Dieu qui semble inacceptable pour nos contemporains. Bien que ce portrait de Dieu soit tributaire de la culture de l’époque, ce Dieu violent traduit un aspect important de la vérité sur Dieu et peut nous éclairer sur la façon dont l’Esprit agit au cœur de notre monde si violent. L’Esprit-Saint, répandu sur toute chair, ne serait donc pas absent à nos sentiments de révolte et de colère qui nous agitent à certaines périodes de notre vie

 

La réponse inattendue de Dieu

Jésus avait pleinement confiance en son Père. Aussi, tout en étant pleinement lucide sur les péchés de son peuple, Jésus a accepté de descendre jusque dans les enfers des hommes pour crier avec eux :

 « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Je t’appelle tous les jours et tu ne me réponds pas.
Quand nos pères criaient vers toi, ils n’étaient pas déçus.
Et moi, je suis un ver rejeté par les hommes.
Je suis comme l’eau qui se répand… » (Ps. 21)

Sur la croix, la chair de Jésus n’était que plaie, souffrance… Avec tous les justes qui ont été écrasés avant lui, Jésus a lancé vers Dieu le Tout Puissant, qui est le ‘Dieu des vivants et non des morts’, un cri d’incompréhension et de détresse :  « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » L’Esprit Saint, qui reposait sur lui, a respecté ce cri de douleur. Jésus savait qu’il était impossible que la mort ait le dernier mot. Jésus a aussi manifesté son amour à tous les hommes en ne répondant pas à la violence par la violence mais donnant sa vie à tous : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Luc 23,14) Du fond de sa souffrance intime, Jésus, habité par l’Esprit, a aussi exprimé à son Père son entière confiance: « Père, entre tes mains je remets ma vie. » Sur la croix, Jésus est mort sans avoir de réponse de la part de son Père. Comme le dit au nom de Dieu le prophète Isaïe (55,8) « Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins. » 

Peinture de Isabelle de HédouvilleCe chemin peut paraître révoltant. Injustement condamné à la pire des atrocités inventées par les hommes et acceptées par l’autorité religieuse de son peuple, Jésus, le juste, est allé dans nos enfers et son Père a laissé ce drame se dérouler. C’est scandaleux mais il a fallu ces atrocités pour que les yeux de l’humanité regardent en face le ‘Mal’ qui ne peut que révolter Dieu et ceux qui ont soif de justice. Après bien des années de drames, beaucoup de nos contemporains n’acceptent plus d’expliquer les ‘bavures’ des hommes uniquement par des raisons sociologiques, psychologiques, culturelles... Combien de temps il a fallu pour que la Shoah et les génocides soient perçus comme le mal absolu, pour que les dictatures et la corruption soient jugées comme le ‘mal’ dans bien des pays, combien de temps faudra-t-il pour reconnaître que la tuerie en Norvège échappe aux explications habituelles, combien d’années faudra-t-il encore pour que les gens généreux se posent des questions devant les millions d’affamés qui  continuent à mourir malgré le fait qu’ils soient secourus par des ONG … ? Après un 20ème siècle sanglant, l’humanité finit par découvrir aujourd’hui un mystère : le Mal, ce mal qui pousse l’homme à tuer l’homme, qui amène un peuple à rayer de la carte un autre peuple, et ce pour dominer sa vie et pour devenir pleinement le maître unique de son destin.

Si Jésus n’a pas expliqué à ses contemporains ce mystère du mal, il
a accepté d'entrer dans cet enfer, de le vivre, de le subir jusqu'à la mort : enfer de la douleur, de l'humiliation, de l'épuisement, et même de l'incompréhension, de la solitude et de l'abandon. Et dans cet enfer qu’est le ‘Mal’, il a semé par amour le pardon. Devant ce geste unique dans l’histoire de l’humanité, Dieu son Père n’est pas resté inactif. « Rien n’est impossible à Dieu. » (Luc 1,37) Pour montrer que Dieu le Père a eu le dernier mot, je vais parler maintenant de manière humaine, comme dirait Saint Paul : Dieu son Père, étant révolté contre cette injustice des hommes qui tue les innocents, a poussé ‘un coup de colère’ qui a libéré une force de vie créatrice : Son Père a mis debout son Fils bien-aimé gisant dans le tombeau.

 

              L’Ancien et le Nouveau Testament donnent une dimension surprenante à nos cris et nos colères. Nos colères peuvent être l’occasion de manifester notre indignation, peuvent  susciter notre générosité, peuvent être l’occasion de dénoncer une situation indigne de l’homme par des manifestations, tracts, pétitions sur Internet... Nos colères peuvent être aussi des cris qui engendrent la mort, suscitent la violence qui écrase l’autre, qui expriment une dépréciation de soi-même… Ces colères sont souvent le signe que nos yeux s’ouvrent sur le ‘Mal’.

Jésus nous a fait don de son Esprit pour que, à sa suite, nos colères ne soient pas seulement des temps d’indignation mais se transforment en  source de vie. L’Esprit nous accompagne sur le chemin de la lucidité qui nous met en face de nos ténèbres et nous fortifie pour que nous servions les traces de justice, de vérité  et d’amour que nous pouvons découvrir au cœur de ces ténèbres, que ce soient celles qui habitent en nous ou dans le monde.

R. Pousseur en collaboration avec le P. J. Teissier

 

Nos enfers, source de vie ?

Marie poursuit cet article par ces deux remarques :

 

  

Les peintures sont l’œuvre d’Isabelle de Hédouville.


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Illustration tous droits réservés

 

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