Visionnaire de l'invisible
La littérature
L’Apocalypse de Jean
Jean-Yves Leloup
(Albin Michel - 2011)
Des visions qui rendent les disciples de Jésus voyants
Dans son livre L’Apocalypse de Jean Jean-Yves Leloup plonge le lecteur dans la culture orientale de l’auteur du livre de l’Apocalypse qui a exprimé sa foi et la situation des hommes et du monde de son temps avec d’images grandioses. Pour les peuples façonnés par cette culture, les images rendent présents ce qu’elles représentent. Prenons un exemple dans les visions qu’a eu Jean sur l’île de Pathmos : « Alors je vis, dans la main de celui qui siège sur le trône, un livre écrit au-dedans et au dehors, scellé de sept sceaux… Je me désolais de ce que nul ne fût trouvé digne d’ouvrir le livre ni d’y jeter les yeux. » Cette vision d’un livre fermé rend présent les hommes qui se posent bien des questions sur leur vie : ‘Ma vie bien fragile a-t-elle un sens puisque la mort va effacer mes traces ?’ Les questions de nos ancêtres sont les questions qui hantent nos contemporains. Aujourd’hui la mort pose aux responsables des questions insolubles : l’homme, au nom de sa liberté, peut-il fixer l’heure de sa mort par un suicide assisté ? Qu’est-ce qui travaille le cœur de l’homme pour qu’ils provoquent la guerre qui tue, massacre ? Pourquoi autant d’injustices, de mensonges, d’hypocrisie, de volonté de puissance qui écrasent les hommes, les femmes, les enfants ?
Dans son commentaire sur l’Apocalypse, Jean-Yves Leloup présente les visions de Jean comme autant de lumières venant éclairer nos questions sur la vie et la mort.
L’auteur de l’Apocalypse a eu une vision qui illustre notre monde violent : Il voit une femme qui crie les douleurs d’enfantement et, face à elle, un dragon prêt à manger l’enfant qui va naître. Cette vision exprime bien la dureté de notre monde qui provoque tant de cris et le mal qui cherche à dévorer la vie. Mais ce dragon représentant le mal ne réalisera pas son rêve : manger ceux et celles qui naissent pour vivre libres. Dans une autre vision, l’auteur de l’Apocalypse entend un des anciens qui lui adresse la parole: « Ne pleure pas. Voici, le rejeton de David qui a remporté la victoire … Alors je vis un agneau qui se dressait et qui semblait immolé. » Cet agneau immolé est debout car il a semé l’amour dans nos ténèbres. Cet amour a été plus fort que la mort voulue par le mal représenté par le dragon.
Pour Jean-Yves Leloup, les visions de Jean ne sont source d’aucune angoisse ou frayeur. Elles ne cherchent pas à nous donner des choses à voir mais elle veut nous rendre voyants de toute recherche de justice et d’actes de miséricorde dans notre monde actuel.
Le message de l’Apocalypse est une Bonne Nouvelle pour tous les hommes de bonne volonté : l’amour animé par la recherche de la vérité et habité par la justice ne mourra jamais.
Mars 2015 - R. Pousseur
