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Visionnaire de l'invisible
La littérature

Soumission
Michel Houellebecq
(Flammarion - 2015)

 

Quand la ‘SOUMISSION’ engendre la paralysie


 Ce livre de Michel Houellebecq est présenté comme un roman. L’auteur décrit une société endormie où le président  de la Fraternité Musulmane, musulman bon teint, est élu président de la République. La politique mise en place par le nouveau pouvoir s’inspire de la charia. Ce qui lui permet entre autres de résoudre le problème du chômage en renvoyant les femmes dans la vie familiale qui change de dimension car les hommes peuvent avoir plusieurs femmes. Le narrateur, recteur de la Sorbonne et spécialiste de Huysmans, se convertit à l’Islam  et fait de la Sorbonne  une université islamique.

L’auteur décrit ce changement culturel et politique d’envergure qui laisse le peuple français endormi : la misère sexuelle engendre la solitude affective, la puissance mondiale de l’argent tue toute quête spirituelle, la violence sans borne engendre la paralysie.

              Il faut reconnaître à Michel Houillebecq sa capacité non pas de faire un peinture originale de la société française en s’inspirant de ce qui bouillonne dans l’âme de ce peuple mais de savoir la photographier en prenant comme angle la vision que les médias donnent quotidiennement de notre société.

              Ce roman aurait pu prendre une autre dimension si l’auteur avait intégré dans son récit ceux et celles qui n’hésitent pas à se poser des questions ou affronter des vérités qui font réfléchir. Prenons un simple exemple dans le monde musulman. Dans le quotidien néerlandais De Volkskrant du 9 janvier 2015, cité par le Courrier International du 29 janvier 2015, Ayaan Hirsi Ali, écrivaine née musulmane appelle l’Occident à reconnaître que les islamistes violents s’inspirent du Coran. Un certain nombre d’intellectuels musulmans distinguent la période mecquoise et celle médinoise de Mahomed. La première période est marquée par l’expérience mystique du prophète, la seconde a vu le prophète imposer la charia à Médine et revenir à La Mecque à la tête d’une armée pour y imposer la loi coranique. D’où deux lectures du coran sont possible : l’une pacifique, l’autre guerrière. Présentant un article d’un jeune intellectuel indien, ce même Courrier International l’introduit en ces termes : « Oui, les ‘mauvais musulmans’ existent. Dire que les terroristes ne sont pas musulmans est absurde. Un tel rejet part-il du principe que tout musulman est bon ? C’est méconnaître la nature humaine et s’interdire d’avoir un débat interne à l’islam. »

Des intellectuels musulmans ont regretté l’intervention du président Hollande qui affirmait que les musulmans qui emploient la violence ne sont pas de vrais musulmans. Cette affirmation d’un chef d’un Etat laïc risque de marginaliser les musulmans qui ont le courage de soulever de vraies questions qui dérangent le monde associatif et politique.

Michel Houellebecq a le don de romancer ce que nous transmettent quotidiennement les médias. Ce livre pose une question de fond : quel langage employé aujourd’hui pour provoquer nos contemporains à réfléchir par eux-mêmes ? Le pape François n’hésite pas à employer une image pour provoquer à réfléchir sur les limites de la liberté d’expression : ‘Quand un fils entend quelqu’un dire du mal de sa mère, il n’hésitera pas à le frapper.’ Cette parabole est bien plus parlante que de belles déclarations que plus personne n’écoute et qui engendrent la paralysie intellectuelle. 

 

Février 2015 - R. Pousseur 

 

 

 

 

 

 

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