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Visionnaire de l'invisible
La littérature

'Pourquoi je suis devenu prêtre' -
Jean-Marie Petitclerc
(Bayard 2009)

 

Un prêtre qui va planter sa tente là où vivent les gens

 

        Page de titre de "Pourquoi je suis devenu prêtre"  Dans Pourquoi je suis devenu prêtre paru chez Bayard Jean-Marie Petitclerc raconte son cheminement vers la prêtrise et ce qui l’a nourri comme prêtre. Il commence par décrire ce qu’il a reçu de sa vie familiale notamment  l’ouverture aux autres, l‘accueil, le partage, … Il insiste aussi sur l’importance qu’a pour lui son grand frère qu’il admire et à qui il n’hésite pas  se confier. Durant ces études à polytechnique, il a été attiré par Michel Rocard où il a appris à servir de son intelligence non pas pour prendre des décisions à la place des autres mais à s’en servir pour éclairer les autres quand ils sont amenés à prendre des décisions. Durant son enfance, il va faire une expérience spirituelle qui va le marquer à jamais. C’est en écoutant le récit de l’évangile où Jésus dit à ses disciples que ‘la moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux’ qu’il prend conscience que Jésus lui parle. Car pour lui, l’homme est sur la terre pour répondre à un appel. Il avait alors 9 ans.

      Accidenté, il reste sur un lit d’hôpital plusieurs mois. C’est pour lui l’occasion de lire la Bible et aussi une vie de don Bosco. Ce fut un choc pour lui. « Il fait figure du premier saint des temps modernes. Voilà quelqu’un qui, au lieu de camper dans la structure de l’Eglise et de développer des stratégies du ‘faire venir’, préférait ‘aller vers’, c’est-à-dire aller planter sa tente à l’endroit où vivent les gens. » Parmi les amis qui venaient le voir à l’hôpital, son amie était une des plus fidèle. C’est au cours d’une retraite avec elle qu’il se décide à se séparer d’elle pour entrer chez les salésiens après avoir été attiré par les jésuites. Tous ces détails peuvent sembler de simples anecdotes dans la vie d’un prêtre. Et pourtant, ces faits éclairent la façon dont cet homme consacré à Dieu vit entre autres son célibat : « Quand je reçois un jeune dans mon bureau, il n’y a pas pour moi un autre jeune qui serait plus important que lui. Ce qui ne serait pas le cas si j’avais des enfants. » Le célibat reste un combat de tous les jours. Il s’est ancré à une double fidélité : son choix de la vie religieuse et son renoncement à faire sa vie avec son amie.

        En fidélité à cette histoire, J.M. Petitclerc va témoigner de la présence du Christ ressuscité en allant planter sa tente au cœur du monde des petits pour les ouvrir à un avenir. « Quand je célèbre l’Eucharistie, je partage le rêve de Dieu sur le monde. Participer ainsi à la réalisation de ce rêve rend heureux. » Prêtre salésien, Jean-Marie Petitclerc est éducateur à la manière de Jean Bosco : au lieu de juger un jeune en situation délicate, il cherche à comprendre ce qui se passe dans sa tête et valorise ce dont il est capable. Il créé un atelier pour que des jeunes puissent participer à la restauration d’un navire français de XIXe siècle et participer à une croisière. Le projet n’aboutit pas. J.M. Petitclerc achète alors un vieux bateau. « Nous avons donc retapé pendant un an un vieux sloop de huit mètres, grâce à des fonds que j’avais reçus pour l’anniversaire de mes dix ans de vie religieuse. » (p.112)

        Tard, le soir, l’auteur ouvre la Bible et y puise sa nourriture pour prier et pour vivre. « Tout ce que je vis avec les jeunes pour les aider à sortir de la dépendance et à se construire comme adultes libres rejoint u peu l’histoire du peuple de Dieu qui, lui aussi, a travaillé pour se libérer de sa dépendance afin de renaître à la liberté. » (p.118) Son travail d’éducateur l’amène à avoir des liens cordiaux avec des imams. « Je ne dirais pas que toutes les religions se valent. La représentation d’un Dieu Père est très différente de celle d’Allah devant lequel on se soumet. Les chrétiens croient en un Dieu partenaire de l’homme. Voilà la grande nouveauté du christianisme : l’homme partenaire de Dieu dans le dialogue … Je pense que l’image que l’on se fait de Dieu a des répercussions sur la manière dont nous pensons la société et que notre manière à nous, chrétiens ouvre à la démocratie. »

         Son témoignage pourrait s’arrêter là. Mais, J. M. Petitclerc a conscience qu’un prêtre n’est pas une être isolé. Il fait partie soit d’une communauté religieuse, soit d’un prebyterium autour de son évêque. L’auteur est un religieux donc il vivra en communauté. « Une communauté n’est pas un espace sans conflits, mais un lieu où l’on essaie de les dépasser dans la fraternité. » De même, travailler avec d’autres prêtres est souvent une épreuve. L’auteur n’hésite pas à écrire qu’il côtoie des prêtres qui s’enferment dans des rôles et vivent un drame car ils ont conscience qu’au fond d’eux-mêmes, ce rôle ne traduit pas leur être profond. Certains portent ostensiblement un signe extérieur ou un vêtement pour ne pas dissimuler qu’ils sont prêtres. Lui préfère suivre Jésus, briseur de barrières en ne portant aucun signe vestimentaire qui risque d’en créer une.  Sa posture de prêtre est une posture d’amitié qui met l’accueil en premier. Aussi, il ne saurait refuser un baptême à des parents qui présentent leurs enfants. Au nom de quoi le refuser ? Ce n’est pas le prêtre ou le diacre qui agit lors de la célébration de ce sacrement, c’est l’Esprit. L’auteur n’hésite pas à dire qu’il a beaucoup de mal avec certains prêtres qui hésitent à donner les sacrements aux personnes éloignées de l’Eglise, aux jeunes mariés par exemple qui n’ont pas mis les pieds dans leur paroisse depuis leur enfance. « … celui qui veut être chef doit être serviteur. Je conteste tout concept d’autorité cléricale, toute stratégie de pouvoir au sein de l’Eglise. Être prêtre ne donne aucun pouvoir. » écrit l’auteur.

      Cette attitude peut apparaître admirable mais les prêtres qui exercent leur ministère sur un même territoire diront que les attitudes pastorales trop différentes sont souvent sources de conflits ou de déchirures dans une communauté.

      Quand on aborde la vie des prêtres on ne peut occulter la richesse et les difficultés de la vie des prêtres entre eux. Il y aurait beaucoup à dire sur cet aspect de la vie sacerdotale.

      En cette année sacerdotale, ce témoignage est intéressant à plus d’un titre. Jean-Marie Petitclerc rappelle qu’un prêtre est un homme lié à une famille, façonné par son milieu, possédant un charisme particulier qu’il peut mettre au service de la mission qui lui est confiée si il vit sa mission en Eglise, en solidarité avec les autres acteurs de la mission.

           Que de bouleversement dans les diocèses si les responsables et les communautés prenaient en compte tous ces aspects de la vie du prêtre.

R.P.

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