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L'inculturation / Echos de la presse

Décembre 2010

 

 

MIGRANTS, un avenir à construire ensemble

Nous remercions Urbain Hubau de nous communiquer
son compte rendu des Semaines Sociales de France 2010.
De ce compte rendu,
nous en avons extraits des passages qui rejoignent les préoccupations de notre site.

 

Dans le prologue de cette semaine qui avait pour thème ‘MIGRANTS, un avenir à construire ensemble’, plusieurs intervenants ont insisté sur plusieurs exigences : L’assimilation ou l’intégration doivent mener à une reconnaissance des diversités et à l’égalité des chances. Le travail est le principal vecteur d’intégration. Il faut assumer financièrement les droits réels, comme le droit au logement, le droit à la scolarité, à la médecine .Le budget diminue et au bout de 2 mois, il n’y a plus d’argent disponible. Arrêter l’immigration est un leurre. La paix sociale est liée pour une part à notre capacité d’ouverture aux autres, à l’ Autre.

La parole a été ensuite donnée à des migrants. En voici quelques extraits :

« Arrivé à Paris : Je me suis senti très étranger mais j’ai été accueilli comme un frère par la Paroisse. Les contacts avec les français d’origine sont très difficiles mais c’est le seul moyen de s’intégrer : Je vous en supplie, ouvrez vous les uns aux autres…  Née aux Comores, 22 ans. Etudes supérieures à Paris. Le renouvellement de la carte de séjour, c’est l’angoisse car il faut prouver que l’on gagne au moins 430 euros/mois… Migrante chinoise : J’ai été aidée par des chrétiens en paroisse et me suis retrouvée dans un syndicat ( CFDT) qui est devenu une famille pour moi… 35 ans, né en Ardèche de parents marocains, mon prénom engendre un environnement hostile, je ne trouvais pas de stage alors que tous mes copains en trouvaient, bien que moins bien placés en études. J’ai été en Suède par une école de commerce et là, en 24 h, j’étais français, reconnu, témoin, pour eux de la galanterie française. C’était super. Je suis reparti peu après à Londres, à la City (J’ai écrit un livre : de la cité à  la City) ou j’ai été considéré français à nouveau et, de poste en poste, suis maintenant maître de conférences à Sciences Po. En fait, la France a honte de ses français issus de l’émigration

La mondialisation: Notre monde de luxe est connu des pauvres des pays émergents par la télévision. Ils tentent leur chance en risquant leur vie. Les paysans du tiers monde quittent leur terre parce que les prix de matières premières ne leur permettent plus de cultiver. Cela a entraîné des réactions souvent radicales. On parle d ‘échec de l’intégration. Le ressenti est faux car les sondages disent que les enfants d’immigrés sont sur le chemin de la réussite, donc de l’intégration : 70% disent qu’ils sont plus heureux que leurs parents  et qu’ils sont d’abord français puis musulmans !

La dédramatisation par les chiffres : En France, 80 millions de personnes passent la frontière  par an et sur ce chiffre, il y a 200 000 migrants (1 sur 400). 3% de la population mondiale vit dans un pays étranger et 97% n’ont donc pas émigré. Nous avons été le premier pays d’Europe à être pays d’immigration. En France, la population a augmenté de 18 millions entre 1950 et 2000, à cause de l’augmentation de l’espérance de vie et à cause des immigrés (pour 30 à 40%). Un quart de la population française a au moins un parent ou grand parent né à l’étranger. Un enfant d’immigré né en France n’est pas statistiquement considéré comme un immigré.

  

L’ islam et les musulmans en France. Intervention de Dounia BOUZAR, anthropologue.

Nous avons une vision du monde qui est bipolaire : Le monde avec l’Islam qui serait archaïque, le monde avec l’ Europe qui serait moderne et aurait tout inventé. En fait l’Islam est pris en otage entre les islamophobes et les islamistes radicaux, terroristes). Les musulmans sont des gens comme tout le monde. En France, on peut les classer en trois catégories : Les musulmans qui vont bien, qui ont appris à dire «  JE » et vont se poser question : Qu’est ce que moi je comprends de ce que Dieu me dit. Ils remettent en question le « sacré » qui n’est  souvent qu’une tradition : Le texte est sacré mais  l’interprétation est humaine et dépend de mon interprétation du monde. Le Coran date du 3°siècle, la burqua est une tradition datant d’il y a un siècle seulement ! Certains de ce groupe  pratiquent leur religion. Les musulmans qui vont moins bien : Ils ont vu les grands frères qui ont investi dans l’école ( Bac + 8 par ex)mais sont resté au chômage : Malgré leur organisation et leur réseau, ils n’ont pas de travail : Il y a discrimination due au prénom et quartier d’habitation. Ils deviennent agressifs et veulent que la République applique sa devise. Ces jeunes n’ont plus d’espoir ni confiance en la République. Ils vont sur-investir l’Islam comme le seul moyen de combattre les injustices. Ils ont l’impression qu’il y a deux types de laïcité .Ils seraient sensibles à ce que l’on fête l’Aïd comme Noël comme fêtes culturelles et à trouver dans les cantines des menus avec poisson ! Les jeunes qui vont très mal (radicaux et fondamentalistes) Ils se rapprochent des imams dont le discours est radical musulman : » Tu te sens de nulle part parce que, en tant que musulman, tu es supérieur aux autres. Ce discours radical leur donne l’illusion du discours sacré comme du temps du prophète, en sauvant le monde. Je suis soumis à Dieu devient « j’emprunte l’autorité de Dieu à mon bénéfice, je suis Dieu »On est dans le monde sectaire, ce n’est plus une religion. Re - ligion vient de relier, or eux sont en rupture : Tu dois tout détruire, t’éloigner de tes parents, casser cette société. Des groupes radicaux recrutent par outil Internet, outil virtuel pour vie virtuelle.

 

Vivre ensemble avec des cultures différentes. Intervention de Tzvetan Todorov, hilosophe, bulgare, et docteur recherche CNRS

Tout individu est pluriculturel : Français,  breton, européen par ex. La culture est changeante ( droit de vote à la femme en 1945)La pluralité des cultures n’est pas à craindre. L’immigration contribue au rajeunissement nécessaire de la population car les migrants sont plus innovants, plus entreprenants et actifs que les natifs Mais les migrants doivent s’intégrer - en respectant les lois et institutions, la loi l’emportant sur leurs coutumes. - en maitrisant la langue française, gratuite et obligatoire. Sur le plan politique, l’Etat doit dispenser les deniers publics vers ce qui rassemble et non vers ce qui divise. Il n’a pas à aider ou interdire les groupes spécifiques. Il a tout intérêt à ne pas flatter les passions et la xénophobie car les rencontres avec les étrangers sont appelées à se multiplier. Il doit laisser le danger illusoire du  poly-culturalisme et doit faire attention à la  dé-culturation, c’est à dire à la perte ou l’absence d’une personnalité de base construite dans la cellule familiale : le remède n’est pas culturel mais social : des enfants sans père ou de père humilié car sans travail, cela marginalise les enfants, les mamans travaillant souvent. Une culture qui ne change pas est une culture morte. Les programmes d’histoire de France doivent développer davantage les croisements d’histoire : Napoléon et ses guerres ne sont pas vus de la même façon par les français, les Anglais et les Russes. De même la colonisation et décolonisation.

« Je pense donc je suis »  doit évoluer vers « Tu existes, donc je suis »

Décembre 2010 Urbain  HUBAU

 

 

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