Toutes les ressources sur
Notre Foi renouvelée


Le(s) texte(s) récent(s) de référence sur
Notre Foi renouvelée


Les contributions des visiteurs sur
Notre foi renouvelée


Les contributions d'experts sur
Notre foi renouvelée


Livres sur
Notre foi renouvelée


Échos de la presse sur
Notre foi renouvelée


Le texte de référence précédent :
Réussites et échecs sur le chemin de ma vie

Le texte de référence suivant :
Le jour de sa résurrection, Jésus inaugure des temps nouveaux pour l’humanité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre foi interrogée par les mutations culturelles

Texte de référence

 

 

Pour une création nouvelle - © Virginie Lecomte

Réussites et échecs sur le chemin de ma vie

4 - Aucune réussite n’est jamais totale

 Vers le 3ème chapitre

 

Celui qui voudrait absolutiser une réussite figerait la vie et la tuerait.
c’est le danger des dogmatismes et des idéologies totalitaires
dont la tentation n’est jamais très loin de nous.

 

Ce point est important, lui aussi, mais il est beaucoup plus facile d’accès. Aucune réussite n’est jamais totale parce que nous sommes toujours en chemin, aussi bien personnellement que tous ensemble. C’est seulement à la fin, au terme de notre vie et au terme de l’histoire humaine, que les choses trouveront leur vraie place, leur vraie valeur, et tout leur sens. C’est assez simple à percevoir.

Qui plus est, nos œuvres sont toujours faites de bon grain et d’ivraie mêlés, selon la géniale image de la célèbre parabole de Jésus (Mt 13,24-30). Le tri n’est pas possible dès maintenant sans mettre en danger le meilleur de nos œuvres. Pour y voir tout-à-fait clair, il faut attendre la fin.

D’une part, nous ne pouvons pas découvrir pleinement la valeur de nos œuvres avant la fin. D’autre part, nos œuvres sont toujours ambiguës car toujours parsemées d’ivraie, habitées par le mal, quoi qu’il en soit de notre bonne volonté.

Lorsque nous regardons en arrière dans nos vies, notre façon de voir et d’apprécier nos réussites change. Il peut s’agir de nos réussites personnelles, familiales, professionnelles, et même nationales ou internationales. Il peut s’agir aussi de ces réussites inattendues, finalement sorties d’un échec. Dans tous les cas, avec du recul, le plus important n’est pas toujours ce que nous avions perçu sur le moment. Avec du recul, ce qui nous était apparu comme un sommet insurpassable peut s’avérer inachevé ou partiel. Avec du recul, ce qui nous était apparu comme une solide réussite peut s’avérer trompeur, plein de failles : le regard sur le colonialisme au XIXe siècle et au XXIe n’est pas du tout le même…

Nous sommes en chemin, le paysage ne cesse de se transformer ; nous ne savons pas ce qu’il y aura au bout du chemin, même si nous en avons déjà un avant-goût par la saveur de l’Évangile. Il nous arrive de faire mieux que nous ne pensions. Il nous arrive aussi de faire beaucoup moins bien ! Jamais nous ne pouvons absolutiser une réussite.

Voici quelques exemples bibliques, choisis un peu arbitrairement…

La traversée de la Mer Rouge consacre la libération d’Égypte. Elle suscite un chant de joie inouï, dont la rédaction dans le livre de l’Exode porte les marques d’une langue et de tournures très anciennes (Exode 15). Elle reste un phare tout au long de l’histoire d’Israël. Mais ce n’était pas le bout du chemin : il restait à unir ce « ramassis » (cf. Exode 12,36) de sauvés. On s’en apercevra, mais plus tard.

L’arrivée en Terre promise et l’installation en Canaan marquent la fidélité de Dieu à ses promesses. C’est un bonheur. Mais en passant du semi-nomadisme -où tout le monde a, peu ou prou, le même statut- à la vie sédentaire dans cités et hameaux, où tout le monde n’a plus le même rang ni les mêmes tâches, des questions nouvelles, assez redoutables, apparaissent. La société est devenue plus complexe, les tâches sont réparties en divers corps de métier et diverses fonctions, des inégalités importantes s’instaurent. Les prophètes passeront leur temps à dénoncer les injustices, à batailler contre les fausses sécurités, contre les illusions religieuses. On peut résumer ainsi leur message : vous pensez que vos affaires marchent bien, vous êtes très pieux, vous voilà satisfaits. Eh bien non ! Vous foncez droit dans le mur, cela ne tiendra pas, vous allez vous écrouler parce que vous vivez tranquillement dans l’injustice sans vous poser de question. Les prophètes ne seront guère écoutés, mais la suite leur donnera raison… (Soit dit en passant, quand on voit les déséquilibres humains et écologiques d’un libéralisme financier dérégulé, de plus en plus planétaire et totalitaire, il me semble qu’il y a de quoi se poser quelques questions…)

Ou encore, Jésus est mort à la suite d’un ignoble procès politico-religieux et d’un supplice infamant… mais le voici ressuscité ! Cela change tout. Prodigieuse réussite de Dieu, dans laquelle les disciples sont tout heureux de s’embarquer. Mais de nouveaux problèmes ne tardent pas à apparaître. Passons sur le barrage des autorités juives. Voici que des païens s’intéressent beaucoup à ce que racontent les disciples de Jésus. Ils veulent devenir chrétiens et se faire baptiser. Faut-il pour cela qu’ils commencent par devenir israélites et qu’ils observent les prescriptions de la Loi juive ? La liberté de Jésus à l’égard des prescriptions de la Loi, à l’égard de quelques païens, à l’égard de ceux qui vivent notoirement "hors la Loi", prostituées, collecteurs d’impôts pour le compte des Romains, faux-frères Samaritains… cette liberté indiquait une voie. On prend quelques décisions de compromis, mais ouvertes aux païens puisqu’on ne leur demande pas de devenir Juifs (voir Ac 15). Pourtant le poids de mentalités forgées par des siècles de référence à la Loi de Moïse est tel que ces baptisés d’origine païenne sont considérés, de fait, comme des chrétiens de second rang ; ils sont même priés de célébrer de leur côté le « repas du Seigneur », l’eucharistie, d’autant plus qu’elle se fait au cours d’un repas… qu’ils se moquent pas mal de faire « casher » ! Pour vaincre ce poids des mentalités, il faudra l’immense personnalité de Paul et son expérience cuisante du chemin de Damas : il découvre que, malgré tout son zèle à servir fidèlement sa foi en référence à la Loi de Moïse, il est en train de passer à côté de l’aujourd’hui de Dieu, Jésus-Christ ressuscité. Dans ces conditions, l’observance de la Loi juive n’est plus une nécessité pour répondre à la miséricorde de Dieu envers les Hommes, manifestée dans la mort et la résurrection de son Fils. Paul finira par obtenir gain de cause, en harmonie avec Pierre (voir Ac 10-11-26). Pourtant il lui faudra aussi recadrer sérieusement Pierre en personne (Ga 2) ! Et il se trouvera des judéo-chrétiens, venus entre autres de Jérusalem, pour mettre les bâtons dans les roues à Paul aux quatre coins du bassin méditerranéen…

On peut encore évoquer la suite de l’histoire de l’Église. Les découvertes de la terre qui tourne autour du soleil… de l’évolution des êtres vivants… du génome et des moyens de le modifier… de la valeur de toutes les cultures humaines et même des religions de l’histoire… la découverte vertigineuse du cosmos et de son histoire d’un côté ainsi que de l’infiniment petit de l’autre… la mondialisation-globalisation de la planète… etc. etc. n’en finissent pas de faire changer nos points de vue, de soulever des questions nouvelles, de faire naître de nouveaux dangers comme, péniblement la plupart du temps, de nouvelles richesses. C’est ainsi que, non sans mal, notre lecture de la Bible s’est enrichie de façon extraordinaire, depuis 150 ans, grâce à l’essor des sciences humaines et de l’archéologie. C’est ainsi que, non sans mal, le dialogue interreligieux est devenu à la fois pensable et possible. Il y aurait des milliers d’exemples.

La route est cahotante. Elle n’est jamais finie. Celui qui voudrait absolutiser une réussite figerait la vie et la tuerait : c’est le danger des dogmatismes et des idéologies totalitaires dont la tentation n’est jamais très loin de nous !

 

Ainsi, même dans la réussite, il y a nécessité d’une disponibilité, d’une humilité, d’une ouverture à ce qui va encore advenir. Une clé de cette attitude se trouve certainement dans la "foi", c’est-à-dire la confiance, que Dieu demande à Abraham quand il l’appelle à quitter l’étape où il s’était arrêté, et à repartir malgré les incertitudes et les risques. La première foi que Dieu attend de l’Homme, c’est la confiance d’oser vivre et avancer, dans ce monde périlleux, en prenant ses responsabilités pas à pas.

Sur les chemins de notre vie comme dans notre cheminement intérieur, d’une part il y a quelques « gamelles » à prendre, parfois retentissantes, d’autre part rien n’est jamais parfaitement accompli. Pourtant tout est valorisable par Dieu, l’imparfait/l’inaccompli comme l’échec, si nous voulons bien nous laisser éclairer par le message évangélique et vivre patiemment dans l’attente de la fin. Cela nous met assez loin du fameux « Tout, tout de suite ». Mais dans cette espérance patiente, nous pouvons trouver paix et sérénité jusque dans la tourmente.

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, dit Jésus à ses disciples peu avant sa mort. Ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. » (Jn 14,27). « Ce qui glorifie mon Père, c'est que vous portiez du fruit en abondance et que vous soyez pour moi des disciples. Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. » (Jn 15,8-9,11)

 

Juillet 2015 - Jacques Teissier

 

 Vers le 3ème chapitre

 

 

 


Votre contribution

Pour partager vos expériences, initiatives, cliquer ici Cliquez pour ouvrir envoyer vos commentaires

 

 

Haut de page