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Notre foi interrogée par les mutations culturelles

Texte de référence

 

 

 

Pour une création nouvelle - © Virginie Lecomte

 

Jésus, homme unique et original

Une approche biblique

 

      Nous vivons une époque où de nombreuses vérités sont remises en cause. Des évolutions culturelles de toutes les couleurs et dans tous les domaines remettent en cause notre conception de l’histoire de l’humanité, notre perception de la nature et du cosmos, notre approche de l’homme, notre croyance en Dieu et la place des institutions religieuses dans la société. Devant ces changements, la vie et les paroles de Jésus sont pour beaucoup une lumière originale. Nous avons rencontré trois prêtres qui ont travaillé ensemble les évangiles en se posant la question : Qu’est-ce Jésus a apporté d’original à l’histoire de l’humanité, lui qui a été façonné par la culture juive ?

 

- Que devient la mission du peuple élu, de Jésus et de l’Église alors que la culture est essentielle pour que les hommes rendent le monde plus humain ?

- D’après le mythe de la création réécrit par un sage juif, Dieu crée l’homme et la femme à son image et leur confie la terre. Adam et Eve voulurent gérer la terre sans accepter de limites. Ils se retrouvèrent seuls, fragiles et nus. Voyant le fossé creusé entre eux et Lui, « Dieu fit à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit.» (Gn. 3-21) Tout en respectant leur liberté, Dieu fit ce geste pour qu’ils soient moins fragiles sur cette terre de violence. Plus tard, Caïn tue son frère. La violence est aussi dans le cœur de l’homme. Dieu fit un signe sur Caïn pour que personne ne le frappât et pour casser le cycle de la violence. Caïn changea de territoire et devint constructeur de ville. Caïn est le père de la première civilisation. Sa descendance fut riche en créations : Yabal fut l’ancêtre de ceux qui vivent sous la tente et ont des troupeaux, son frère Yubal fut l’ancêtre de ceux qui jouent de la lyre et de chalumeau, Tubal fut l’ancêtre des forgerons en cuivre et en fer. (Gn. 4-17) Ces mythes – paraboles prennent en compte le fait que l’homme, image du Dieu créateur est créateur de culture avec toute sa liberté.

 

- L’homme est créateur de culture. Cela a-t-il comme conséquence que la culture doit être perçue comme une richesse héritée à conserver précieusement ?

- Sûrement pas. La culture n’est pas un bien, une richesse, acquis une fois pour toutes. Elle est toujours en mouvement. Les hommes sont curieux, aiment aller voir ailleurs, sont en recherche, osent le changement… Certains mouvements politiques, économiques, culturels ou des événements les poussent au changement. Prenons un exemple : une frange du peuple français, façonné durant des siècle par la culture française, crie sa révolte et sa soif de justice en proclamant : ‘Liberté, Egalité, Fraternité.’ Ce cri va devenir une des composantes essentielles de la culture française. L’histoire nous enseigne que certains groupes insisteront plus sur ‘Liberté’, d’autres sur ‘Egalité’, d’autres encore sur ‘Fraternité’. Cette histoire nous apprend qu’une culture en mouvement unifie et divise en même temps. Jésus va hériter de la culture de son peuple, de ce que les hommes et les femmes, aidés discrètement par Dieu, ont réfléchi, imaginé, contesté, inventé de leurs mains, et ce, bien avant sa venue.

 

- Pourriez-vous nous préciser en quelques mots les tensions culturelles au temps de Jésus ?

- Du temps de Jésus, la situation était très complexe donc difficile à cerner en quelques mots. Du temps de Jésus, la paix en Israël est la paix imposée par la force par l’occupant romain. Certains juifs n’hésitent pas à se révolter contre cette occupation pour retrouver la liberté. La violence s’exerce aussi d’une autre manière. L’unité du peuple juif est maintenue grâce à des compromissions avec l’occupant qui menacent de l’intérieur la foi du peuple juif. Certains veulent échapper à ces compromissions qui corrompent leur authenticité et, parmi eux, beaucoup prennent leurs distances à l’égard de la religion officielle. Des Esséniens se retirent de la vie publique et vivent ensemble, au désert eux aussi: à l’écart de tout, dans une obsession de la pureté pour être prêt à accueillir la venue du Sauveur promis par les prophètes. Le courant pharisien, quant à lui, cherche à dépasser le formalisme religieux pour observer la Loi de Moïse avec le coeur.

 

- Jésus est-il reste neutre, au dessus de ces tensions ou a-t-il fait des choix ? ?

- Les évangélistes Matthieu, Marc et Luc situent clairement le ministère de Jésus dans la riche lignée d’Isaïe. Ce qui signifie que, pour eux, Jésus fait une option bien nette: il indique son choix de suivre les traces du prophète Isaïe dés son retour à Nazareth, après avoir été baptisé et passé un long temps au désert. Isaïe, cette grande figure prophétique d’Israël, récapitule tous les autres prophètes. Avec grande force, il avait appelé son peuple à faire l’unité entre sa démarche religieuse et son sens de la justice en se libérant des ‘idoles’, qu’elles aient la forme de l’argent, d’un pouvoir aliénant, de l’apparence…. Il a ainsi pu révéler où Dieu demeurait. Au temps d’Isaïe, le Temple de Jérusalem était perçu comme la demeure du Dieu unique, le signe qu’Il habite parmi les hommes, au milieu de son peuple. Le Temple est le lieu de la vocation d’Isaïe, et jamais Isaïe ne l’a renié. Pourtant Isaïe et ses héritiers insistent avec prédilection sur une autre façon pour Dieu d’habiter parmi les hommes: qu’ils servent la justice, qu’ils suivent les traces de justice dans le monde, même en dehors du peuple élu, en luttant pour ne pas s’enchaîner aux idoles. Alors la gloire de Dieu se manifestera parmi eux et ils vivront ; faute de quoi, leurs célébrations au Temple seront source d’illusions mortelles. Jésus a dû sans doute méditer ces paroles étonnantes de Dieu dites par Isaïe : « Dieu m’a couvert du manteau de la justice… Comme la terre fait éclore son germe, Dieu fait germer la justice… cette terre qui deviendra ‘L’Epousée’ » (Isaïe 61 – 62) En optant pour Isaïe, Jésus entre dans la tension entre le Temple (le religieux ou le sacré) et la justice qui traverse tout le courant prophétique. .

 

- Peut-on savoir pourquoi Jésus a-t-il fait le choix de se laisser éclairer par le prophète Isaïe

Paysage - © Gilbert Louis- Vous posez une question bien délicate car il faudrait d’abord s’entendre sur l’identité de Jésus. Frédéric Lenoir, dans son livre Comment Jésus est devenu Dieu (p.305) définit Jésus comme ‘un homme à part’. L’évangéliste Jean décrit Jésus en ces termes : « Au commencement était le Verbe de Dieu… et le Verbe était Dieu…Tout fut par lui…le Verbe s’est fait chair et il campé parmi nous. » (Jn. 1-1 à 14) Le Verbe a participé à la création de l’homme et de la femme en leur donnant l’intelligence, la force et la liberté pour rendre le monde plus humain. Quelle conscience de cet acte de création avait Jésus ? Jésus est pleinement homme. Sa conscience s’est éveillée comme l’expérimente chacun d’entre nous. Sa famille et la communauté juive lui ont transmis l’héritage culturel et spirituel du peuple élu. Ce qui fait l’originalité de Jésus est sa relation intime avec Dieu son Père. Il vivait cette relation en priant, en étant à l’écoute des hommes, en participant à la prière de la communauté de Nazareth et au Temple. En scrutant dans les Ecritures le livre de la Genèse, il a sans doute dû vibrer au récit de la création. Il voit bien que le texte de la Genèse ne raconte pas la naissance de l’homme religieux mais de l’homme qui ne peut répondre à la confiance que Dieu a mis en lui qu’en devenant pleinement homme, en étant sans cesse en harmonie avec lui-même, avec les autres, avec le cosmos, avec Dieu qui se révèle à lui.
Ayant été façonné par la culture de son peuple, Jésus était pris entre la tension entre le temple, cœur de la vie de son peuple et la rencontre avec les hommes qui se réalisent dans la recherche de la justice. C’est probablement en Isaïe qu’il a trouvé la lumière pour dépasser cette tension et vivre sa mission, pour dire les paroles et faire les gestes qui expriment le mieux l’amour de son Père pour les hommes. Sans sa culture qui lui a été transmise, jamais Jésus n’aurait trouvé les mots adéquats, les gestes qui parlent de l’amour de Dieu pour les hommes. Jésus a eu un profond respect pour sa famille et son peuple qui lui ont transmis cette culture. La façon dont Jésus rencontre l’officier romain qui lui demande de guérir son serviteur. Mtt. 8 – 15. Jésus n’a pas créé une culture nouvelle.

 

- Alors, quelle a été la participation inédite de Jésus et ses disciples au changement du monde

- Jésus a dû avoir une vie et une action bien originales pour que ses disciples aient pu ainsi féconder tant de cultures sans les détruire ni les dénaturer en dépit de leurs limites voire de leurs errements. Pourtant il ne leur avait laissé ni programme, ni politique, ni texte de référence. Resté dans le cadre du judaïsme, il n’avait même pas été un fondateur de religion…

Icone Sarajevo- Peut-on dire que, en faisant ce choix Jésus a participé au changement du monde ?

- Notre culture occidentale est profondément marquée par Jésus, lui-même nourri de toute la tradition du peuple juif. Nous lui devons largement des graines précieuses telles que le sens de la personne avec sa dignité, sa liberté, sa responsabilité, le sens d’une fraternité humaine universelle, ou le sens de l’histoire. Ces graines, contenues dans l’annonce de la Bonne Nouvelle, ont germé insensiblement, tout au long d’une marche cahotante au cours de laquelle les disciples de Jésus sont loin d’avoir toujours été leurs plus fidèles serviteurs. Mais elles ont germé, marquant profondément et transformant la culture occidentale. Elles rejoignaient tellement l’homme que la société les a étonnamment adoptées, faisant sienne cette vision de l’homme et de l’histoire, y reconnaissant une vérité de l’homme jusqu’à la brandir parfois contre l’Église.

 

- Cette façon de faire est-elle propre à Jésus ?

 - A la différence de la foi juive (promesse d’une terre, d’une libération et d’une éthique…) musulmane (centrée sur un livre et un site de pèlerinage), la foi chrétienne n’est liée à aucun pays, aucune langue, aucune culture. Le christianisme n’est pas une religion du livre mais une religion de la personne et de la mystérieuse présence de Jésus. Le christianisme est fait de communautés de disciples qui répondent grâce leur culture et de façon inédite à l’appel à suivre Jésus qui leur fait don de son Esprit.


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