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Visionnaire de l'invisible
La littérature

Attention, il y a quelqu'un dedans !
Christine Wattiaux
(Cerf - 2012)

 

Chacun a le droit d’être ce qu’il devient

 

  Christine Wattiaux, mère de famille, atteinte par une grave maladie, se définit comme une personne qui traverse une aventure intérieure qui n’appartient qu’à elle : ‘Attention, la personne est toujours riche de vie quelque soit l’état de son corps !’  Le livre de Christine Wattiaux ‘Attention, il y a quelqu’un dedans’ est un courageux témoignage qui rejoindra ceux et celles qui regardent en face leur vie avec ses joies et ses larmes, ses réussites et ses échecs, ses fragilités et ses peurs, ses handicaps, sa quête spirituelle traversant des déserts… Ce livre provoquera le lecteur car il ne peut pas ne pas se demander au fil des pages quelle aventure intérieure il est en train de vivre et qui n’appartient qu’à lui.

Ce témoignage est l’histoire d’une personne qui combat pour sa dignité et qui puise cette force dans une colère contre ce qui déshumanise les hommes.

              Son premier combat intérieur a été de regarder sa vie et ses souffrances en face, démarche qui n’est pas un acte naturel. Pour accepter son corps malade, il ne faut pas avoir peur du silence intérieur qui permet de se centrer sur ce qu’on risque de devenir : devient-on prisonnier  de sa souffrance ou reste-t-on libre ? Pour rester libre dans sa tête, il faut se battre tous les jours pour refuser que la souffrance ait le dernier mot. Sa découverte qui va la libérer est que sa colère contre la maladie a été le tremplin pour ne pas se laisser engloutir par la souffrance. Cette colère est source de dignité car il faut se battre à l’hôpital pour se faire reconnaître comme personne humaine et non comme une maladie.

Son visage ayant été abîmé par la maladie, Christine Wattiaux a été provoquée à faire le deuil d’elle-même pour accepter de devenir autre sous le regard de sa famille et des autres. Aussi, il lui a fallu entrer en contact avec son propre visage devenu différent, ne pas hésiter de l’exposer car cette exposition peut être le début d’une relation où la responsabilité de l’autre est engagée. « Un vrai regard fait exister. »

Son deuxième combat a été de regarder le mal en face. Regarder sa vie en face a mis Christine Wattiaux face au mal, face à l’énigme de la souffrance, de la dévastation de son intériorité. Alors, une question l’a déstabilisée : « Comment aborder, regarder, comprendre ce voyage vers l’incompréhensible ? Comment pénétrer ce mystère et ce non-sens ? » (p 110) Elle arrive à penser que si les chrétiens proclament que Dieu est le Tout-Puissant, les hommes d’aujourd’hui pensent que les chrétiens osent proclamer que c’est Lui le coupable de l’existence du mal. Car comment le Dieu puissant peut-il laisser couler les larmes du monde sans réagir ?

 

 

 Ces combats lui fait découvrir un autre visage de Dieu. La souffrance physique et morale est une calamité. Comment envisager d’offrir à Dieu quelque chose d’aussi moche que la souffrance ? Quel serait ce Dieu dont le plaisir serait d’accepter comme cadeau ce qui déshumanise, mutile l’homme ? Le cadeau qui réjouit et peine le cœur de Dieu le Père, c’est la lutte pour que la vie soit plus forte que la mort, pour que l’amour soit source de vie, même quand la vie n’est plus qu’une mèche qui fume. Le disciple de Jésus peut dire non à la souffrance avec Jésus : « Père, éloigne de moi ce calice… »

Quand on est allongé dans un lit de souffrance, il est intolérable de s’entendre dire : « Tu souffres mais ta souffrance sert à sauver le monde. Ta souffrance est rédemptrice ! » Comment peut-on dire que ce qui déshumanise est libérateur, peut sauver le monde ? Comment Dieu peut-il être si méconnu par ceux qui proclament ces paroles ? Comment des chrétiens peuvent si mal présenter Dieu ? » Ecoutons Christine Wattiaux : « Ce Dieu que j’avais tant professé, que je voulais tellement tout-puissant - puisque c’est ainsi qu’on me l’avait appris - ce Dieu me semblait plus d’aucun secours. Indifférent à mes prières comme à celles des miens, il me donnait comme réponse que son incompréhension et insupportable silence !... Je ne faisais que constater une absence, Son absence, une non-existence, Sa non-existence… Une partie de moi-même était comme morte. Morte à la vie, celle que je connaissais. Morte à ma foi, celle qu’on m’avait enseignée. Morte à mon Dieu, celui que je méconnaissais.» (p. 98) Christine Wattiaux partage au lecteur sa découverte libératrice : il ne faut pas offrir sa souffrance à Dieu mais se mettre en colère pour que la souffrance n’ait pas le dernier mot mais qu’elle soit laissée à la lutte pour la vie, à l’amour exprimé aux autres ou par les autres.

Ces combats lui ont fait découvrir une autre présence de Dieu. La souffrance ne l’ayant pas engloutie grâce à sa colère, Christine Wattiauxa cherché les traces de la présence de Dieu dans sa vie de tous les jours. Elle les a trouvées dans le regard des autres attentifs à tel point qu’ils ne fermaient pas les yeux devant les larmes qui coulaient. Elle a découvert la présence de Dieu dans la présence d’autrui qui donne la liberté d’exprimer ses colères, qui porte avec vous votre chemin de croix sans avoir le besoin de vous dire ‘Je vous comprends’.  « Une vraie écoute était toujours un vrai cadeau. » Et le visage de Dieu s’est profilé pour elle comme Serviteur, compagnon, souffrant avec elle…

Son témoignage est aussi un appel à tous ceux et celles qui accompagnent ceux et celles qui souffrent, ceux et celles qui rendent le service d’aller à la rencontre des malades au nom d’une mission d’Eglise. D’abord, l’auteur pense qu’il est indispensable que ses personnes remettent en cause leurs instincts charitables pour les transformer en accompagnement éclairé et ajusté. Elle a fait trop l’expérience que la bonne volonté sans réflexion amène plus que souvent à long terme à des catastrophes. Au nom de sa foi en Jésus qui a vécu sa passion et qui continue à la vivre aujourd’hui dans les hôpitaux, elle demande de ne pas parler d’espérance en maquillant la mort et la souffrance.

Ce témoignage met en lumière que la fragilité cache souvent une grande force de vie mais que le regard de l’autre laisse souvent dans l’ombre, que la générosité des autres risque d’étouffer la révolte qui peut être source de dignité. ‘Attention, il y a quelqu’un dedans !’

Chacun a le droit d’être ce qu’il devient, d’être pleinement lui-même, quelque soit son état, son histoire.

               

 

Février 2013, R.P.

 

 

 

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