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Visionnaire de l'invisible
La littérature

'Croire quand même'
Joseph Moingt s.j.
(Temps Présent 2010)

 

C'est pour la liberté que le Christ nous a liberés

 

 

Nous ne présenterons pas ici une recension du denier livre ‘Croire quand même’ (Editions temps Présent 2010 ) du Père  Moingt s.j., un des plus grands théologiens vivants. Que tous ceux et elles qui aiment l’Eglise et qui souhaitent qu’elle soit le signe d’amour exigeant et paternel de Dieu dans le monde d’aujourd’hui se laissent interroger par cet ouvrage lucide et courageux. Voici simplement quelques réflexions suscitées par la conviction du P.  Moingt que l’avenir de l’Eglise est dans la liberté que l’Evangile lui ouvre.

Dans ce livre de ‘libres entretiens sur le présent et le futur du catholicisme’, le Père Moingt relève deux difficultés majeures sur lesquelles buttent  un certain nombre de catholiques: la crédibilité de l’Eglise catholique dans le monde d’aujourd’hui sécularisé et la difficulté  de vivre et de penser aujourd’hui sa foi dans le cadre spécifique des structures d’autorité dogmatique et hiérarchique qui étouffent la liberté apportée et proclamée par Jésus-Christ.  

 

Pour aborder la première difficulté, le P. Moingt partage sa vision du monde en s’inspirant de la recherche des experts qui cherchent à déchiffrer le sens de l’histoire de l’humanité. Le théologien enrichit cette recherche par sa conviction que Dieu prend sens pour nous quand nous nous posons la question du sens de l’existence, de la vie de l’humanité, de l’histoire.

Aussi, la question se pose : « Les civilisations les plus anciennes attestent le sentiment que la mort ne crée pas un fossé absolument infranchissable entre les vivants et les morts, qu’une certainecommunauté de vie continue entre eux, qu’un devoir de solidarité persiste chez les vivants à l’égard de leurs morts… Plus tard, naîtra l’espérance de partager l’immortalité de Dieu à qui l’homme est apparenté par nature. » (p.221) Il est un fait qu’une grande partie de l’énergie créatrice de l’homme n’a pas pour objet l’amour mais la mort et la vie après la mort. En affrontant ainsi le mystère de la mort, l’humanité est dynamisée par une poussée  de vie qui est dans l’univers et en elle. Elle est aussi travaillée par un désir d’altérité. La Bible nous révèle que les hommes sont co-créateurs avec Dieu, co-animateurs de l’univers. Au ‘dernier jour’, les hommes retrouveront après la mort tout ce que ils auront fait avec d’autres pour que la terre devienne une terre de justice et d’amour, la demeure éternelle de Dieu.

L’humanité grandit en cherchant à s’ajuster à la nature, aux autres, à lui-même et au désir d’infini, au Dieu entrevu dans les réalités ‘visibles’, au Père révélé en Jésus. Cette humanisation se vit au cours d’une histoire d’engendrement dramatique. Cet engendrement se vit non seulement au cœur d’une nature belle et violente mais d’une tentation qui guète chaque humain, quelque soit son histoire et sa culture : tentation  qui entraîne chacun à un mauvais universel, au règne de l’individualisme et du particularisme. Quand l’homme se laisse subjuguer par cette tentation, il s’enferme sur lui-même et se laisse tomber dans l’inertie.

Le père Moingt souligne un autre aspect de l’histoire de l’humanité : « L’humanité a fait son éducation en se mettant à l’école de Dieu, et en passant d’une multitude de dieux – un dieu national entouré d’autres dieux, pour chaque peuple différent - à la foi au Dieu unique – un seul Dieu pour l’unique et même famille humaine. » (p. 99) Dieu est la source de l’amour qui est dans l’homme et qui l’a fait évoluer  et grandir l’homme depuis les origines. Il a fait sortir l’homme de l’animalité, puis de son enfermement dans une famils. le, un clan, une tribu, il a constamment dilaté l’individu, lui a fait prendre conscience de sa dignité et celle de l’autre, jusqu’à prendre peu à peu la dimension de l’universalité. Les vieilles civilisations ont appris aux hommes à se comporter en homme

Aujourd’hui, la religion a perdu son rôle directeur et d ‘unificateur de la société. Ce retrait ne veut pas dire disparition. L’esprit des temps modernes a nourri l’histoire de la rationalité philosophique et scientifique a façonné une société laïque et démocratique vouée à la conquête des libertés individuelles. Eric Weil retient que la tradition de l’esprit occidentale est définie par la seule tradition qui est celle du changement, de la recherche et de l’innovation.

L’humanité grandit en cherchant à vivre libre.

 

La libération apportée par Jésus.

 

Le Dieu de Jésus-Christ n’est pas un Dieu nouveau, que personne n’aurait cherché à connaître avant lui. Citons simplement Socrate qui croyait au Dieu unique et ne voulait pas rendre un culte aux dieux de la cité. « Le Dieu de Jésus identifié au Dieu des hébreux ne rejette pas tous les autres dieux dans le néant, il prend leur place, mais il montre qu’il était déjà en voie des se révéler à travers tous ces dieux plus tard réputés faux, qu’il s’approchait depuis toujours des hommes à travers toutes ces religions. » (p.98)

Jésus, révélation de Dieu, est lié à une tradition historique et à une culture bien spécifique. Jésus a nourri sa mémoire de la Bible qui est la source de sa pensée, de sa mission, de son idée de Dieu et de sa relation à son Père. Jésus a cherché à se comprendre à partir de cette ‘histoire sainte’ comment Dieu source de liberté, et a voulu partager notre condition pour nous communiquer sa liberté vécue dans de simples réalités. La libération de la loi est l’acte fondateur du christianisme. « C’est pour la liberté que Christ nous a libérés. » (Galates 5,1) Cette libération a été opérée par la mise à mort de Jésus. La dimension du Dieu amour a été révélée par l’abaissement de Jésus. ‘Quelque chose est arrivé à Dieu en Jésus.’ Les disciples de Jésus sont appelés constamment à sortir des réponses toutes faites, des répétitions du même et aller à Lui qui est toujours ailleurs et qui suscite une recherche, une attente. ‘Qu’est-ce que Dieu, qui est Dieu ?’ sont des éternelles questions qui remettent perpétuellement le chrétien sur la route des hommes. Jésus est une personne évolutive, ouverte à sa mission et à l’action de Dieu. Il abandonne l’avenir de sa propre histoire à son successeur, l’Esprit Saint.

         Grâce à cette libération, Jésus apprend aux hommes à vivre en hommes épris de justice, de vérité et d’amour ouvert à tous et à tout horizon infini. Cet horizon infini se traduit par le respect illimité de toute personne humaine, par une transcendance absolue qui va jusqu’à imposer le sacrifice de sa vie… Ouvrir un tel horizon est-il possible  si Dieu disparaissait de l’horizon humain ?

Jésus n’a laissé à ses disciples ni rituel, ni code législatif, ni corpus doctrinal… rien qui puisse être répété… Son évangile est illustré par des paraboles à déchiffrer inépuisablement. C’est pour cela que le christianisme a pu se lier sans contradiction à l’inventivité de la pensée grecque.

 

Le christianisme est né sans lieu, en s’exilant du judaïsme. Le christianisme naissant se fit une alliée de la raison grecque autant pour combattre le paganisme et ses superstitions que pour explorer et penser les mystères de la révélation. L’esprit du christianisme a modelé un longue histoire de l’humanité, elle-même héritière de la pensée grecque et de l’ordre romain. Le christianisme s’est doté de structures de la religion pour s’implanter dans le monde et durer. Il s’est attaché à ses structures où il trouvait sa sécurité… mais, au fil des années, il enferma l’évangile sous la garde de son magistère et n’entendit plus les gémissements de ses fidèles qui aspiraient à chercher Dieu sans entrave. Au moyen Âge, la tradition se fissure car émerge le sujet avide de se libérer de toute contrainte et de créer par lui-même. Finalement, le christianisme enferma la pensée grecque dans un système clos et ne comprit pas pourquoi elle rejaillissait ailleurs en philosophie de la liberté et se retournait contre lui.

L’Eglise hésite à changer de langage à cause du dogme de son infaillibilité. Or la foi n’a pas besoin d’un langage intangible et il est urgent aujourd’hui de parler autrement de Jésus pour soutenir la foi. Rien de plus libre que la foi, la confiance mis en Dieu notre Père, Répondre à l’appel de Jésus appelle à l’inventivité de la charité en ayant conscience de ce qu’écrit Paul…

C’est à partir de l’Evangile vécu en communauté de disciples que l’Eglise pourra se régénéré. De notre temps, la religion s’effondre et cesse de fonder l’autorité en quelque domaine que ce soit. L’avenir de l’Eglise est dans la liberté que l’Evangile lui ouvre.

L’Eglise se renouvellera si il existe une circulation entre l’autorité qui rappelle ce qui s’est toujours dit et fait, les théologiens qui montrent que cela s’est dit et fait à une époque et pourrait être compris tout différemment et les communautés chrétiennes qui se réclament de leur expérience du monde et de la foi. (p.68)  « Continuité et communion, mais dans le dialogue avec le monde présent et dans la diversité des cultures, telle est la visée de la tradition catholique. » (p.178)

 

Croire quand même aujourd’hui ?

 

Le père Moingt distingue plusieurs aspects de la vie de foi des chrétiens.

La foi est l’acte de se confier au Christ et de suivre la voie salutaire qu’il a tracée. La foi est confiance est la bonté paternelle de Dieu. Jésus révèle un Dieu amour, pauvre, charnel, un Dieu incarné. Croire à ce Dieu est inséparable de la foi en l’humanité, en sa dignité, en son avenir. (p.77) L’importance est de toujours se rattacher à Jésus comme homme et Dieu qui s’est lié à l’histoire des hommes. L’Evangile est fait pour être vécu au cœur du monde, au cœur des questions et des difficultés de la vie de tout le monde et de chaque jour. Vécu au cœur du monde pour la dignité des hommes et des peuples. Être chrétien, c’est lire l’Evangile dans une communauté pour le traduire en acte dans sa vie. (p.121)

              La tradition, la vraie, celle qui est vivante, n’est pas répétition, mais incessante innovation à la poursuite de la Vérité plénière vers laquelle l’Esprit Saint conduit les croyantes, ainsi que Jésus l’a promis à ses disciples. La tradition de la foi évolue elle aussi en même temps que la culture. (p.159)

La croyance est faite de multiples dogmes et de doctrines et tout ce qui est enseigné par l’autorité et le catéchisme.

              La religion est la vie de foi dans une communauté de croyants, imposant des lois, règles de morale, pratiques cultuelles… (p. 35) La responsabilité des laïcs qui s’engage à la suite de Jésus à vivre dans ce monde en conformité avec l’Evangile et à faire l’histoire en union avec tous les frères humains donnera un autre visage à l’Eglise : moins religieux, moins cultuel et rituel. (p. 157) Ces laïcs souhaitent un autre rapport avec la hiérarchie.

Prier, c’est le silence qui nous permet de nous imprégner de la gratuité de Dieu. (p.232) On ne fait pas intervenir Dieu dans le monde. Le silence nous donne le regard de Dieu sur le monde. Nous sommes sensible à ce qui est en gestation, en enfantement, en train de naître. Prier ainsi nous délivre de notre moi, de nos évidences, de notre façon de voir façonné par notre culture…

RP - 2011

 

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