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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

The Revenant
Réalisateur : Alejandro González Iñárritu
Sortie : 24 février 2016

 

Affiche du film  "The Revenant"

      Au début du 19e siècle, Hugh Glass, un trappeur accompagné de son fils, un indien métis, guide les colons qui rentrent d’une longue campagne de chasse. Le convoi est attaqué par des Indiens et tente de leur échapper par les montagnes. Gravement blessé par un grizzly, Glass est confié à Fitzgerald, qui le déteste, et au jeune Jim Bridger. Fitzgerald tue le fils de Glass, ment à Bridger et le convainc d’enterrer le trappeur encore vivant. Mais Glass parvient à s’extirper de sa tombe, bien décidé à retrouver l’assassin de son fils. Affaibli par ses blessures, il puise dans sa soif de vengeance la force de parcourir les 300 km qui le séparent de son ennemi.

Tiré du roman homonyme de Michaël Punke, The Revenant met en scène Léonardo DiCaprio, qui participe pour la troisième fois à un western, puisqu’il était encore récemment à l’affiche dans Django Unchained, réalisé par Quentin Tarentino, ainsi que dans Mort ou vif (1995). Favori de la prochaine cérémonie des Oscars, le film d’Alejandro Gonzalez Inarritu multiplie les prouesses pour mettre en scène un époustouflant spectacle de survie et de vengeance. Entièrement dévoué à la performance de son acteur et de son chef opérateur, Iñárritu signe un tour de force qui a du mal à convaincre tous les spectateurs. Son film met en scène un trappeur increvable qui trompe la mort plusieurs fois tandis que le cinéaste lui fait subir les pires outrages dans un Grand Ouest enneigé et impitoyable. The Revenant adapte lointainement une histoire vraie, déjà portée à l’écran dans Le convoi sauvage (1971) de Richard Sarafian. Mais que fait le cinéaste de cette histoire fascinante où l’homme lutte contre les éléments dans une communion métaphysique avec son animalité ? Une course à la performance souvent vaine, en vue de ‘’l’oscarisation’’ de sa star, Leonardo DiCaprio. Habitué des prestations surhumaines , l’acteur dépasse ici toutes les limites : il se bat avec un ours énorme dont les griffes lui labourent le corps ; il éventre un cheval mort pour s’introduire dans sa carcasse et se protéger du blizzard ; il en ressort nu et ensanglanté, mi-poulain mi-nouveau-né ; on l’enterre vivant mais il parvient à se sortir de son trou ; il rampe dans la neige et la boue avec une jambe inerte, le visage ensanglanté, la barbe et les cheveux maculés de terre ; il se traine en émettant des borborygmes qui finissent pas devenir des paroles intelligibles ; bref, il est indestructible et aussi sauvage que la sauvagerie qui l’entoure. Il est le trappeur Hugh Glass, il est The Revenant, il est Leonardo DiCaprio ! Cette implication extrême mais ostentatoire ne crée aucun engagement émotionnel, tant l’acteur apparaît dirigé dans ses excès et finit par prendre le dessus sur son personnage.

‘’Nous sommes tous des sauvages’’. Voilà ce qu'on peut lire sur un écriteau accroché au cou de l’indien pendu, qui lui avait sauvé la vie. C'est une jungle glacée, une nature impitoyable dans sa primitive beauté, que filme Alejandro González Iñárritu. C’est le chemin de survie d’un être humain au milieu d’une nature hostile et dominatrice. L'épopée perd de son classicisme au profit d'une démesure baroque. Iñárritu, habilement, élabore un grand mélange entre le gigantisme des paysages enneigés, les images mentales qui traversent le cerveau du trappeur au supplice, les effusions de violence et la contemplation méditative. Tout comme il opère la synthèse entre le cinéma d'auteur symboliste et le cinéma de genre dernier cri : The Revenant est, dans le jargon industriel, un ‘’survival’’, un film de survie extrême. Le fil conducteur du film est la souffrance surmontée et la performance, clefs de l'œuvre d'Iñárritu. Il y a une folie hollywoodienne dans cette succession d'épreuves inhumaines, qui sont autant de défis lancés à tous : réalisateur, techniciens, comédiens et spectateurs. Dans ce contexte paroxystique, l'adresse de Leonardo DiCaprio consiste à ne pas en faire trop. Recouvert de ses oripeaux, il reste une figure spectrale, un énigmatique mort-vivant. Dans le genre survivant acharné, Leonardo DiCaprio met la barre très haut. La performance, qui lui a valu l’oscar du meilleur acteur, sent la rage et le sang.

Tenace, instinctif, l’acteur, sorti de sa zone de confort, a confié que le tournage avait été son expérience professionnelle la plus compliquée et la plues éprouvante. Au milieu de ces étendues glacées à la beauté picturale, le trappeur n’est qu’un petit flocon de neige perdu dans l’immensité. Recouvert par le manteau blanc, happé par les éléments, le réalisateur pénètre toutefois l’intime de ces hommes des bois, captant leur souffle et leur combat. L’âpreté de cette lutte et de son environnement font penser parfois au film Délivrance de John Boorman.

Leonardo DiCaprio, 41 ans, veut réaliser de grands films. Le comédien fétiche de Scorsese a confié aux journalistes de la terre entière que ce film avait été le plus dur à faire de toute sa carrière : ‘’Dès l’âge de 15 ans, j’ai commencé à regarder des chefs-d’œuvre. C’est là que j’ai compris l’importance de la réalisation. Ca a déterminé le but de ma vie, qui n’a pas bougé d’un pouce depuis : tourner de grands films, point. Cet idéal guide tous mes choix. Pour le meilleur et pour le pire…Pour ce film, beaucoup des galères que j’endure à l’écran, je les ai subies en vrai. Vu les conditions, une partie de mon jeu consistait à réagir face aux éléments. Mon défi a été d’accrocher le spectateur sans la béquille des mots, de réprimer la tentation de trop en faire. Je zappais la caméra, je guettais mon ressenti et je me passais en boucle l’histoire de ce type dans ma tête’’.

Roi des plans séquences et des scènes d’action, Alejandro González Iñárritu ménage ses effets avec un art consommé de la mise en scène. Le spectateur est maintenu dans un état d’angoisse quasi permanent pendant plus de deux heures trente. Avec, de rares fois, des pointes d’ironie bienvenues. Le film tourné au Canada et en Argentine, entièrement en lumière naturelle - l’un de ses nombreux atouts -, magnifie l’aspect sauvage et spectaculaire des paysages. Aux prises avec la nature, Leonardo DiCaprio crève l’écran. Il se fond véritablement dans la peau de son personnage perclus de douleurs. Investi à 200 % dans l’aventure, soucieux de la préservation de l’environnement, mais surtout attentif aux tribus déracinées, DiCaprio a même appris le langage des Indiens. C’est indéniable, l’acteur est au sommet de son art.

Doté d’un budget faramineux sans comparaison avec ses films antérieurs, le cinéaste a su donner toute l’ampleur nécessaire à cette fresque tragique, ‘’Western into the Wild’’ inspiré d’une histoire vraie. Cette légende du pionnier increvable, tirée du livre The Revenant de Michael Punke, a transité par différents réalisateurs avant d’atterrir dans les mains du réalisateur mexicain qui n’évite pas l’écueil des flash-back ; par exemple, le souvenir de sa vie de famille déchue au sein d’une communauté indienne agace plus qu’il n’émeut. Dans cette quête de rédemption, l’avalanche de catastrophes s’abattant sur les épaules du solide héros finit par lasser. Quand la survie devient secondaire, le temps devient long et la vengeance semble un peu vaine. On peut préférer voir ou

revoir Le convoi sauvage de Richard Sarafian qui, à moindre frais, dégage une réelle poésie et un message d’une profonde humanité.

 

Claude D’Arcier - Mars 2016

 

 


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