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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

CHORUS
Réalisateur : François Delisle
Sortie : 20 janvier 2016

 

Affiche du film  "Chorus"

      Le petit Hugo a mystérieusement disparu à l’âge de 8 ans. Les recherches ne donnent rien. Christophe et Irène, ses parents submergés de douleur, s’éloignent l’un de l’autre. Christophe finit par partir au Mexique, où il enchaîne les petits boulots. Irène reste à Montréal et s’investit dans sa carrière de choriste. Dix ans ont passé quand la police contacte Irène pour lui annoncer que le corps d’Hugo a peut-être été retrouvé. Ne pouvant faire face à la situation seule, elle contacte Christophe et lui demande de revenir. Ensemble à Montréal, ils vont peu à peu se rapprocher …

Chorus,  est un film intense et beau, en noir et blanc, sur les souvenirs implacables et le deuil impossible d’un couple qui se retrouve dix ans après la disparition de son fils. Il décrit l’étau du chagrin et le poids de la perte.

Depuis dix ans, Irène et Christophe vivent chacun dans une sorte de bulle. Présents sans l'être vraiment. Séparés mais toujours reliés par le lien le plus terrible qui soit, le deuil impossible d'un enfant disparu. Lui a choisi de s'éloigner, de tenter de revivre au Mexique. Elle est restée à Montréal, ligotée par un sentiment de culpabilité. Depuis leur rupture, ils ne se sont pas parlé. Et puis le téléphone de Christophe sonne. C'est elle : "Ils ont retrouvé Hugo…" Le noir et blanc vire au gris, la neige de l'hiver canadien ne fait pas forcément rêver. Dans cette ambiance clinique, les retrouvailles sont avares de mots. Peu à peu, la vérité, insoutenable, apparaît. Le couple l'affronte comme il peut, se retrouve, se redécouvre.

Le film est austère, mais jamais aride, ni même désespéré. Par moments, surgissent des moments surprenants comme une voix off égrenant dans le métro un même monologue, ou Christophe, nu, au bord de la mer, qui se laisse bousculer par des ­vagues de l’océan... Pourtant François Delisle cerne avec rigueur, entre ses personnages, un vide qu'il dissipe peu à peu, presque imperceptiblement. Il dirige remarquablement deux comédiens étonnants : Sébastien Ricard et Fanny Mallette. Ils incarnent cette douleur, ce sentiment de perte et de néant qui, dix ans après, ne peut s'estomper. Les retrouvailles de leurs personnages provoquent une alchimie émotionnelle assez étonnante, très justement saisie par une caméra inspirée.

Le temps, s’il n’a pas réellement atténué le choc de la perte de leur enfant, autorise désormais cet homme et cette femme qui se retrouvent à laisser filtrer les non-dits accumulés. Ils voudraient que tout s’efface mais un bruit, une voix, une odeur, un mot les renvoie, sans prévenir, au fond de ce « trou noir ».

En se regardant doucement, ils retrouvent l’évidence de s’être aimés, apprennent à se ré - apprivoiser, mais l’ombre qui les a détruits demeure. Se retrouvant, ils vont avancer, pas à pas, sur le chemin d’une réconciliation, d’une reconstruction fragile, vibrante. Mais ce qu’ils doivent affronter dix ans après les maintient dans cette distance par un chagrin qui ne peut se partager. Autour d’eux resurgit une histoire familiale mal soldée. Le père de Christophe (Pierre Curzi), homme bienveillant, cherche à le retenir. Il incarne la tendresse des vieux parents, attentifs, dévoués, qui savent que les rendez-vous sont comptés. La mère d’Irène (Geneviève Bujold) demeure dans un lien de dépendance avec sa fille qui voudrait se libérer du carcan de leur relation. Christophe (Sébastien Ricard) exprime une tension permanente sous le masque du silence, et l’émouvante Fanny Mallette traduit, dans son regard, toute la détresse retenue d’une peine qui lui dévore l’âme. Un film bouleversant, intense et beau, sur la palpitation de deux cœurs qui cherchent à vivre.

Pour son sixième film, le Québécois François Delisle (Le bonheur c’est une chanson triste, Le Météore), affirme un style très personnel qui suit, au plus près, des personnages prisonniers d’une solitude qu’ils ne parviennent pas à dénouer.

 

Claude D’Arcier - Mars 2016

 

 


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