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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

PHOENIX
Réalisateur : Christian Petzold
Sortie : 28 janvier 2015

 

 

Affiche du film  "PHOENIX"

Juin 1945 – Seule rescapée d’Auschwitz de sa famille, la chanteuse Nelly Lenz revient dans Berlin détruite. Elle-même défigurée, ayant fait reconstruire son visage ‘’presque comme avant’’, Nelly n’a qu’un but : retrouver Johnny, son mari pianiste, avec l’aide de sa fidéle amie Lene Winter, avocate à l’Agence juive pour la Palestine. Quand il voit arriver sa femme au Phoenix, le cabaret où il travaille maintenant, Johnny ne la reconnaît pas. De son côté, il cherche à prouver le décès de sa femme pour récupérer sa fortune ; alors il demande à Nelly d’user de leur ressemblance pour y parvenir. Obsédée par leur amour passé, Nelly accepte de se ‘’redonner vie’’. Dés lors, un jeu étrange s’établit entre eux. Mais Lene, qui veut convaincre Nelly de partir avec elle en Israël, lui révèle que Johnny l’a trahie. Tout cela va faire naître Nelly, malgré elle, à sa nouvelle réalité…

Adapté du roman Le retour des cendres d’Hubert Monteilhet, ce septième film de Christian Petzold, brodant sur le mythe du Phoenix renaissant de ses cendres sur fond de Shoah, s’inscrit dans l’inspiration de Fassbinder, Thomas Mann, Thomas Bernhardt, Bertold Brecht… Avec sensibilité et intelligence, sur des images admirables, il met en scéne un ‘’double Je’’, terrible et bouleversant, autour des thèmes de la reconstruction, du pardon, de l’oubli et de la possibilité d’aimer après Auschwitz. La fin est à la fois poignante et magnifique.

PHOENIX

Pétri de références à Hitchcock –Vertigo - et au film noir avec une part de fantastique – Les yeux sans visage, de Franju -, ce roman d'amour, infiniment triste et audacieux, se déploie entre fiction et réalité. Il a été tourné en quasi huis clos, avec seulement trois personnages et dans des décors de l’Allemagne d’après-guerre, redonnant vie à une ambiance qui fait froid dans le dos. Au-delà de toute vraisemblance, il impressionne par la force et la singularité de son suspense, servi par des acteurs et une mise en scène très précise. "Phoenix" est une sorte de visitation nouvelle de représentations historiques et mythologiques, qui déploie avec bonheur des figures et des décors puisés dans l’imaginaire cinéphile, comme cette boîte de nuit bruyante, visitée dans un climat diffus d’irréalité qui rappelle le "Cabaret" de Bob Fosse.

L’héroïne a tout perdu dans les camps : sa ville, son amour et son identité. Pour elle, il s’agit de renaître de ses cendres comme le Phœnix du titre du film. Sa rencontre avec son mari, Johnny, l’entraîne vers une "reconstitution" du passé, comme on reconstitue une scène de crime. Il y a une ambiance de film d’espionnage avec Nelly (troublante Nina Hoss, l’actrice fétiche de Petzold)  qui infiltre sa propre vie, à la manière d’un agent secret, afin de découvrir si son mari l’a vraiment trahie. Mais c’est aussi un mélodrame comme dans "Sueurs froides" de Hitchcock, où un homme cherche à redonner vie à une morte par le travestissement d’une femme qui l’aime. Leurs deux regards ne coïncident plus que dans le mensonge. C’est tout le drame de cet ex-couple dont la greffe monstrueuse ne prend pas.

Le film est entièrement construit du point de vue de Nelly, avec sa douleur, ses hésitations et sa quête déchirante d’amour, de son amour d’avant. La performance de Nina Hoss vous cloue le cœur, car elle vous emmène au delà du vraisemblable : Comment Johnny, le mari peut-il ne pas reconnaître sa femme ? Et comment Nelly peut-elle ne pas voir sa trahison ?... Nous sommes captivés par la mue et la renaissance d’une revenante, cette femme qui répétait sans cesse "Je n’existe pas". D’abord fantôme, corps décharné, nerveux, elle va retrouver peu à peu sa féminité, d’abord sous l’œil de Johnny, puis réellement jusqu’à imposer dans la dernière scène l’évidence de sa sensualité retrouvée. Une fin bouleversante et encore ouverte. Le film est juste, le sujet est très noir mais le cheminement aboutit à une scène finale magistrale et musicale d'une très grande force. A voir absolumen.

 

 

 

Claude D’Arcier - février 2015

 

 


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