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Les Bouleversements culturels / Réaction d'expert

NOUVELLES DE DAMAS

      LES 4 DEFIS DES CHRETIENS D'ORIENT

 

 1) DEFI  HISTORIQUE:

Les Chrétiens d'Orient portent toujours le poids des querelles Christologiques des quatre premiers Conciles œcuméniques : ‘Jésus est-il pleinement homme et Dieu ?’, questions débattues lors des conciles de Nicée 325- Constantinople 381- Ephèse 431-Chalcédoine 451… Ces conciles ont transformé les Chrétiens d'Orient en Treize Eglises riches de patrimoine mais    divisées  et concurrentes. Elles n'ont pas pu faire face à l'Islam au VII siècle… Aux 12éme et 13éme siècle, les Chrétiens d'Orient se sont alliés aux Croisés venus libérer Jérusalem…
Après la défaite des Croisés, les musulmans ont gardé un regard suspect sur leurs concitoyens chrétiens considérés comme alliés de " l'ennemi". Ils Ont subi pendant le 14é et le 15é siècle  des persécutions assez dures. La mémoire collective des Chrétiens et des Musulmans n'oublie pas ces blessures…

COMMENT OUBLIER CE PASSE ACCABLANT  ET PURIFIER LA MEMOIRE COLLECTIVE ? LA DEMANDE DE PARDON POURRAIT AIDER À FAIRE TOURNER LA PAGE DE CES TACHES NOIRCIES ?

 

2) DEFI  DEMOGRAPHIQUE:

Devenus minoritaires, les Chrétiens d'Orient noyautés dans un monde musulman sont en perte de vitesse: baisse de natalités, législations sectaires qui obligent le partenaire non musulman à passer dans l'Islam dans les   mariages mixtes, car dans tous les pays arabes, sauf au Liban, on peut devenir musulman mais pas chrétien. A ceci s'ajoute l'émigration plus élevée parmi les Chrétiens… Cette baisse démographique accélérée fragilise les Paroisses, les familles et le poids social et politique des Chrétiens dans les sociétés orientales. A cause de l'isolement et la marginalisation cette minorité endure beaucoup pour exister vit à bas profil sur scène public :

COMMENT PERMETTRE A CETTE  HEROIQUE MINORITE  DE SURVIVRE ? LE MODELE DE L'EGLISE PRIMITIVE EST UNE BONNE SOURCE D'INSPIRATION.

 

3) DEFI  D'EVANGELISATION:

Les écoles Catholiques sont nationalisées, Nous n'avons plus accès à la formation de nos enfants. Ainsi des générations ignorent leur foi. Comment remédier à cette lacune ? Un catéchisme paroissial qui ne touche que 5% des enfants scolarisés s'installe;  une solution précaire et très coûteuse car il faut aller chercher les enfants dans leur domicile et les cars de ramassage sont de plus en plus chers et l'assiduité des élèves n'est pas régulière. Un plan visait à faire des soirées bibliques dans les familles devait commencer avant la guerre. Toutefois les catéchistes formés commencent à manquer et certains ont déjà quitté le pays. Avec la montée du fanatisme, de l'intégrisme et de l'intolérance  l'évangélisation devient trop risquée.  L'Evangile continue à attirer beaucoup de personnes que nous ne pouvons pas baptiser. La liberté de culte sans la liberté de conscience ne suffit pas. Cohabiter avec l'Islam est notre choix difficile et inévitable.

DEVANT CE DEFI, LA VIE CACHEE DE JESUS À NAZARETH
INDIQUE LA DIRECTION A PRENDRE.

 

4) DEFI  ECONOMIQUE:

Ces Chrétiens dispersés et minoritaires n’ont plus les moyens pécuniaires de faire vivre leurs paroisses et leurs pasteurs. Ces Eglises Orientales ne sont pas viables sans l'assistanat des Eglises Occidentales et des mouvements de solidarité caritative. Sans ce soutien actuel, 80% des lieux de cultes seraient fermés. Cette générosité fraternelle  avec la crise mondiale, pourrait-elle continuer ?  L'Avenir est difficile à imaginer.

DEVANT CE DEFI, UNE EGLISE PLUS PAUVRE  CORRESPOND MIEUX A L'ESPRIT DE L'EVANGILE.

 

LE DEFI DES DEFIS EST SPIRITUEL:

Devant ce long et lourd  calvaire, certains ont changé de religion, d'autres ont choisi de partir. Le petit troupeau  restant regarde Marie aux pieds de la Croix et médite les paroles du Christ  

" QUICONQUE NE PORTE PAS SA CROIX ET NE ME SUIT PAS, NE PEUT ETRE MONDISCIPLE " Luc 14, 27

Damas le 23 Avril 2016.

                                                     

                                           + Samir NASSAR     Archevêque Maronite                                                      

        

Avril 2016 VIOLENCE GENERATRICE DE MISERICORDE

 

 

La violence qui déchire la Syrie depuis cinq ans, est aussi  une source de Miséricorde:

 

1) La famille: avec douze millions de réfugiés et de déplacés, tous les mouvements caritatifs ont été dépassés et débordés. Seule la famille, rempart de la société orientale, a absorbé le choc et continue à assumer le rôle d'accueil, de consolation  de partage et d'accompagnement. Un mouvement de solidarité et de générosité mettait jusqu'à vingt personnes dans une seule chambre partageant le pain quotidien et la vie de chaque jour même le cimetière. Ces familles  incarnent la Miséricorde en silence et sans attendre de retour.

 

2) Les prêtres de toutes les Eglises orientales qui ont vu leur mission sacramentaire réduite par la guerre, ces prêtres sont devenus des agents sociaux au service des pauvres et des familles sinistrées, montrant ainsi le visage miséricordieux du Seigneur. Au lieu de fuir, ces prêtres courageux ont assumé leur mission de serviteurs fidèles de la  Miséricorde jusqu'au bout. Cinq prêtres ont donné leur vie dans des missions de médiation et de secours..  Deux évêques et quatre prêtres sont portés disparus alors qu'ils tentaient d'apporter des vivres aux plus démunis.

 

3) Les consacrés: religieuses, religieux et laïcs se sont lancés en Syrie sur deux axes : humanitaire et pédagogique. Sur la plan humanitaire: Alep vit depuis longtemps sans eau ni électricité. Les bougies remplacent l'électricité. Mais comment vivre sans l'eau ? Des équipes de consacrés font la distribution de l'eau à domicile pour toutes les personnes âgées et malades. Chercher l'eau dans les puits disponibles, l'emporter dans des voitures citernes, tourner sous les bombes dans les rues, les immeubles et les étages pour assurer 20 litres par foyer. Les restaurants du cœur livrent les repas pour les plus nécessiteux. Les religieuses du secteur hospitalier ont subi le plus lourd fardeau avec peu de moyens et beaucoup d'amour. Sur le plan pédagogique, d'autres équipes à Damas assurent le soutien psychologique aux enfants traumatisés par la guerre et la violence. Une rééducation à la paix qui regroupe les enfants de toutes les  religions qui apprennent  à vivre ensemble et accepter la différence. Un chantier d'avant-garde qui exprime le visage caché de l'Eglise et la voie de l'avenir.

Un autre mouvement de réflexion mené par les jésuites et vise les jeunes et les adultes désespérés qui cherchent à quitter  le pays..

 

4) " Mouvement de Fraternité": créé suite à la guerre israélo-arabe de 1967 par  le Père Paul, un prêtre lazariste.. Ce mouvement s'occupait à fabriquer des prothèses pour les handicapés. Ce mouvement est devenu l'urgence première dans cette guerre sans merci qui fait des mutilés tous les jours. Assisté par les organismes caritatifs de l'Eglise ce mouvement penche sur ces blessés accompagnant le temps de rééducation jusqu'à créer un centre balnéaire adapté pour leur offrir un temps de repos et de loisir…Le visage du bon samaritain est exalté en Syrie par ce vieux père Paul, génie missionnaire du médico-social.

 

5) Beaucoup d'initiatives cachées dans l'action quotidienne se manifestent chez  la Société de Saint Vincent de Paul, des confréries mariales, des orphelinats et des asiles  surpeuplés. De toute cette fourchette d'activités de solidarité et de miséricorde La famille reste le signe dur et durable de la splendeur d'une Miséricorde qui permet la survie d'une  Eglise et d'un pays en marche vers la réconciliation et la Paix.

En foi de quoi je signe.  +Samir NASSAR

                                                                           Archevêque Maronite de Damas

 

 

 

 

 

 

           Mars 2016          DES SERVITEURS VIGILANTS

 

Mardi 26 Mars 2013, à 11h un éclat d'obus tuait le diacre Camille sur la route de l'Eglise.. Suite à sa mort les parents des prêtres m'empressaient de partir, de quitter Damas. Ils avaient peur pour la sécurité de leurs enfants… J'ai proposé aux prêtres de partir s'ils le veulent. Le diocèse n'a pas le droit de les garder dans ces conditions. Ils ont tous répondu:

"VOUS RESTEZ, NOUS RESTONS"La Providence nous protége depuis.

Notre diacre martyr avait pour mission  de distribuer le pain aux pauvres. Les prêtres ont pris la relève et  chacun d'eux est devenu un assistant social,  un bon samaritain qui veille dans sa paroisse sur les activités de charité imposées par l'intensité des combats en Syrie et les vagues des réfugiés et des malheureux qui arrivent chaque jour.

2015 fut assez dure pour le diocèse: Deux obus causent des dégâts importants dans la cathédrale historique, le toit de la bibliothèque prend feu et s'effondre , les  vieilles installations sanitaires de 1958 du premier étage succombent, la chambre du père Jean est incendiée..

Tous ces lourds travaux de restauration ont été conduits par les prêtres pendant mon absence (problème de santé). Ils se sont privés de jours de repos afin de conduire à terme tous ces travaux.

Dans un geste de révolte contre la mort et la destruction, ces courageux prêtres ont lancé  la construction de trois chapelles dans les quartiers de banlieues modestes mobilisant les fidèles autour de ces trois projets qui sont un  signe d'espérance et de foi en l'avenir de l'Eglise en Syrie.

Une vitalité qui met en valeur la pastorale de proximité en cette année de Miséricorde et de grandes souffrances.

La première chapelle dédiée aux Martyrs de Damas (1860) fut inaugurée Le 8 janvier 2016..les deux autres suivront.

Un pas sur le chemin de la reconstruction, Seul le Seigneur donne la Paix.. Ces prêtres qui s'accrochent à leur mission sous les bombes, ne sont que des héroïques serviteurs dévoués et vigilants dont l'Eglise et le Bon Pasteur sont fiers. Ils sont l'atout et le gage d'avenir d'un Christianisme martyrisé qui refuse de mourir…

Damas le 14 Février 2016.                     +Samir NASSAR

                                                      Archevêque Maronite de Damas

NASSAR, Mgr Samir

Adresse(s) de messagerie :

  mgrsamirnassar@gmail.com

 

 

Nouvelles d’Irak

 

Margot nous partage sa vision du peuple kurde

 

S’intégrer en étant obligé de faire table rase de ses racines, de ses richesses culturelles et de ses traditions, est-ce le signe d’un amour partagé ?

 

 

 « Tout ce que j’expose ici est basé sur mes observations et mes discussions et mon avis n’est que subjectif. »

 

Les petites habitudes de nos amis les kurdes Vivre dans un pays du monde oriental a apporté quelques changements à ma vie quotidienne. Je ne dirais pas dans ma maison puisque nous avons des installations plutôt du style européen mais dans tout le reste. Procédons par ordre.

 

 

La maison Kurde : conçue par un architecte certainement jeune et fou, la maison kurde est d’apparence très complexe : petits chapiteaux par ci, balcounet par la, motifs géométriques à foison, proportions… que dis-je ? Sans proportion. Le Kurdistan est certainement le lieu de stage idéal pour tout élève architecte qui veut s’essayer. Par ailleurs, il faudra peut-être les aiguiller davantage sur l’aspect isolation et optimisation de l’espace (notre salon est un gymnase à lui tout seul). En termes de mobilier, pas de quoi s’affoler. Des matelas et des tapis partout, canapés si la famille peut se le permettre. Et certaines pièces font office de salon, salle à manger, de chambre. Bref on vit sur le sol et on mange parterre. Il y a généralement une pièce pour accueillir les invités, une pièce pour le dîner et on retourne dans la pièce principale pour le thé et les fruits.

Niveau déco, c’est très simple et très sobre. Beaucoup d’ « enluminures » du Coran, des photos de famille (celles avec le fond trafiqué, représentant une montagne ou une cascade en mode super kitch).

Un repas selon les Kurdes : repas à partager avec 50 autres personnes si vous ne voulez pas qu’il y ait de restes le lendemain. Il y a pleins de petits plats (concombre, persil, tomates, cornichons au vinaigre, chou, soupes…) qui accompagnent souvent un plus gros plat (poulet/riz/amandes (riz Byriani), viande en sauce, légumes farcis a la viande et au riz (Dolma), beignets de viande (Kobe), humus… le tout baigné dans l’huile bien évidemment. Pas de quoi se sentir dénutri ! Tout est présenté dans de grands plats et chacun se sert à l’aide de pain sans levain. Le fait qu’ils mangent tous des quantités astronomiques tout en restant mince me pose encore question et même moi qui aie bon appétit, je cale assez rapidement. Ils doivent avoir peur que je meurs de faim donc ils me resservent allègrement des que mon assiette est à moitié vide. Puis vient le moment du café ou du thé qu’ils prennent avec 50 sucres (il y a souvent plus de sucre que de thé et ils s’étonnent tous d’avoir du diabète !!) accompagné de la corbeille de fruits et parfois, un dessert. La plupart du temps, les femmes sont en cuisine et les hommes ensemble dans le salon. En tant qu’étrangère, j’ai le droit de rester avec les hommes mais cela me gêne toujours un peu ce clivage entre les sexes. L’égalité n’est pas pour tout de suite par ici.

Le costume traditionnel Kurde : les Kurdes portent le costume traditionnel assez souvent, même sans occasion spéciale. Pour les hommes, il est composé d’un grand pantalon bouffant et large, resserré à la taille, d’une chemise et d’un veston non fermé, le tout maintenu par une ceinture en tissu serrée, tressée différemment selon le parti ou la famille auxquels ils appartiennent. Les tons sont plutôt unis, allant de beige a noir en passant par gris, bleu nuit, kaki, ou couleur sable. Sur la tête, les hommes portent un bonnet tressé, recouvert d’un Keffieh, également noué d’une certaine façon selon leurs ethnies et leurs villes d’origine. Les hommes portent la moustache et la barbe ce qui les rend vite imposant. Pour les femmes, la robe Kurde est de rigueur. Toutes les couleurs sont permises (malheureusement ;)). Elles portent une sorte de pyjama en dessous (culotte bouffante et tunique légère) car très souvent, la robe en elle-même est transparente. Elle est assez longue, car les femmes mettent des talons très hauts. Les manches sont aussi très longues et sont nouées dans le dos ou sur les épaules (lors des tâches ménagères par exemple). Le tout est recouvert par un gilet d’une autre couleur, soit dans les mêmes tons, soit qui tranche complètement. Les femmes sont très apprêtées, maquillage, bijoux, jolis voiles. Elles ne sortent jamais la tête découverte. Seuls les hommes de leur maison peuvent les voir sans voile. Peu de femmes portent la Burqa ici mais toutes les femmes portent le voile. Certaines rajoutent de gros chignons pour donner du volume à leurs voiles. Le reste du temps, les femmes s’habillent avec de longues jupes et des vêtements couvrants tout leur corps, pas trop moulants.

 

Quelques habitudes des Kurdes : Ils aiment les pique-niques. Et pas n’importe quel pique-nique, pas le pauvre sandwich et la salade de riz s’il vous plait. Plutôt, la grande marmite pour 30 avec la quantité de viande nécessaire pour nourrir une armée, le pain, les tomates, les concombres, le riz, les butagaz, les boissons, les fruits, le thé... Bref, un vrai déménagement. Ils s’y attellent dès l’arrivée et tout le monde s’y met. Niveau occupation pique-nique, nous avons : la Shisha, les cartes, la musique, la danse avec les petits doigts, le football, les dominos… Et ils baladent leurs

Shisha absolument partout.

Les Kurdes de Bardarash aiment les objets clinquants, brillants avec strass et paillettes. Ils aiment aussi garder toutes les étiquettes et les emballages des produits qu’ils consomment. C’est pour cela que dans notre van, le plastique qui entoure les sièges est toujours là, c’est pour cela que nous avons toujours les étiquettes de provenance sur nos fenêtres… Ils gardent absolument tout, de l’autocollant qui atteste que ta voiture est bien une Toyota jusqu'à l’étiquette de prix sur ton tee-shirt.

Ils aiment jouer au volley-ball, au football, aux dominos, au backgammon, aux cartes. C’est même assez déroutant de se pointer dans un café ou il n’y a que des hommes et ou tout le monde boit un thé en jouant aux dominos. On dirait des Bisounours. C’est beaucoup trop calme, je n’aime pas beaucoup ça.

Les Kurdes ont une culture du selfie incroyable, Et vas-y que je te prends sous cet angle et comme ci et comme ça. Ils passent leurs vies à prendre des photos d’eux, j’irais même jusqu'à dire : pire que chez nous !

Ils jettent tout parterre. Je fais un peu la guerre contre ça, et à force, ça commence à rentrer mais pas encore chez tout le monde. Même le plus beau des coins de pique-nique est une vraie porcherie. Il y a du plastique partout, des gobelets, des bouteilles en plastique. Tout est en plastique, des étagères aux gobelets, en passant par le matériel de cuisine. Tout est jetable. Trop de pétrole que voulez-vous ?! Ah oui et les gens passent aussi le jet d’eau devant chez eux en permanence. Ce pays est très compétitif sur tout ce qui touche au gâchis !

              Tu ne peux pas inviter quelqu’un par procuration ici. Si l’invitation ne vient pas directement de l’hôte, la personne n’acceptera probablement pas l’invitation. Ce qui a mon sens casse toute la spontanéité du geste et l’accueil inconditionnel. Les gens font trop de diplomatie selon moi et manque un peu de simplicités. Mais bon…. C’est mos opinion !

 

Les Kurdes et les animaux : Les Kurdes détestent les chiens et essaient de les chasser. Les seuls chiens « autorisés » sont les chiens de bergers qui aident et guident les moutons et les chèvres. Il y a des troupeaux a peu près partout et ils sont prioritaires sur la route. Par contre, il y a des chats partout, des vaches, des chèvres, des moutons, des poules, des oies…

 

Quelques habitudes des Kurdes : Ils aiment les pique-niques. Et pas n’importe quel pique-nique, pas le pauvre sandwich et la salade de riz s’il vous plait. Plutôt, la grande marmite pour 30 avec la quantité de viande nécessaire pour nourrir une armée, le pain, les tomates, les concombres, le riz, les butagaz, les boissons, les fruits, le thé... Bref, un vrai déménagement. Ils s’y attellent dès l’arrivée et tout le monde s’y met. Niveau occupation pique-nique, nous avons : la Shisha, les cartes, la musique, la danse avec les petits doigts, le football, les dominos… Et ils baladent leurs Shisha absolument partout.

Les Kurdes de Bardarash aiment les objets clinquants, brillants avec strass et paillettes. Ils aiment aussi garder toutes les étiquettes et les emballages des produits qu’ils consomment. C’est pour cela que dans notre van, le plastique qui entoure les sièges est toujours là, c’est pour cela que nous avons toujours les étiquettes de provenance sur nos fenêtres… Ils gardent absolument tout, de l’autocollant qui atteste que ta voiture est bien une Toyota jusqu'à l’étiquette de prix sur ton tee-shirt.

Ils aiment jouer au volley-ball, au football, aux dominos, au backgammon, aux cartes. C’est même assez déroutant de se pointer dans un café ou il n’y a que des hommes et ou tout le monde boit un thé en jouant aux dominos. On dirait des Bisounours. C’est beaucoup trop calme, je n’aime pas beaucoup ça.

 

 Les relations entre hommes Kurdes et femme Kurdes : comme je l’ai expliqué plus haut, les relations entre hommes et femmes sont très distinctes. Les femmes restent à la maison pour s’occuper des enfants et des tâches ménagères. Seuls leurs maris ou leurs frères ont le droit de les voir dévoilées. Les mariages sont parfois arrangés au sein d’une même famille et il n’est pas rare que deux cousins éloignés se marient. Les promis ne se fréquentent que très peu avant le mariage voire même ne se voient quasiment pas, ou s’ils se voient, un autre membre de la famille est toujours présent. Les mariages d’amour ne sont pas encore très courants mais la tendance change. Il n’y a pas de cérémonie religieuse chez les musulmans car le mariage n’est pas un sacrement mais un contrat passé entre deux personnes. Pas de prise de tête sur le menu du mariage ni sur l’organisation de la salle, les femmes sont d’un cote et les hommes de l’autre. Ce clivage me rend folle parfois et j’ai envie de pousser les gens un peu plus mais je sais aussi que je ne suis pas chez moi et qu’il faut respecter ça. Dur quand on connait un monde pleins de libertés.

 

Les Kurdes et la religion : Les Bardarashi sont tous musulmans. Il n’y a aucune église à Bardarash et il y a environ 7 ou 8 mosquées qui retentissent en même temps, 5 fois par jour (dont la première à 5h du matin (ma préférée)). Vu que nous habitons en face de la mosquée, nous profitons pleinement de l’appel à la prière et de la prière du vendredi qui dure entre 1h et 1h30. C’est un peu comme chez nous, il y a des gens qui arrivent à la mosquée 10 min avant la fin !!!! Il y a vraiment beaucoup de points communs avec la religion catholique. J’ai déjà eu quelques conversations très intéressantes sur la religion avec plusieurs personnes d’ici. Du coup, j’essaie de m’intéresser aux écrits pour savoir ce qui se dit. Je tombe parfois sur des passages très plaisants et d’autres beaucoup moins. Je comprends pourquoi tout est cadre et borde : je trouve que tout est écrit de façon plutôt directive, ce qui laisse peu de place à la mauvaise interprétation. Mais chacun juge ou jugera selon ses connaissances.

Les « interdits » : Parmi les règles qui nous sont imposées (par PUI ou par les normes sociales d’ici), certaines me paraissent aberrantes quand d’autres sont acceptables. Par exemple, une de nos règles nous interdit de sortir les cheveux mouillés (parait que ça fait mauvais genre). Une autre est qu’il faut faire attention à ce que notre ceinture soit bien fermée et que la boucle ne pende pas. Ou bien, il ne faut pas qu’un bout de ta peau dépasse, si par exemple en te penchant, on voit un bout de ton dos…. Je trouve que c’est parfois exagéré mais c’est ainsi. Normalement, une femme ne peut pas rester seule avec un homme, elle ne peut pas aller dans un café (alors imaginez leurs têtes quand je suis descendue dans le café en bas du bureau voir le match de foot). Il y a quelques règles comme celles-là qui sont parfois un peu too much mais c’est le jeu et je le sais. A part ça, les gens nous acceptent vraiment bien.

 

 

Margot, partie en Irak du nord au service d’un centre de soins.

Elle nous partage la complexité de sa responsabilité.

 

              Je vous présente les services du Centre de Santé de Bardarash qui est un centre de santé primaire. La santé primaire regroupe plusieurs activités de santé basique à proposer à la population comme : l’éducation et Promotion à la santé (tout ce qui concerne le développement de nouvelles connaissances ou de nouvelles pratiques), la promotion des bonnes pratiques de nutrition pour améliorer les pratiques alimentaires au sein des familles, de proposer des traitements adaptés pour les maladies les plus communes et les accidents, être capable de fournir des médicaments et des équipements de qualité grâce à un support logistique, éduquer à la Santé Sexuelle et Reproductive, être capable de répondre rapidement en cas d’épidémies ou de potentielles épidémies, vacciner et prodiguer de l’eau et des services sanitaires de bonne qualité.

Notre équipe est composée de 5 personnes à l’accueil pour accueillir et enregistrer, de 5 médecins pour les consultations dont une gynéco deux jours par semaine, de 7 infirmier(e)s dont une équipe de nuit pour les soins prescrit par les médecins, de 16 travailleurs sociaux qui oeuvrent pour la promotion et l’éducation a la santé (ce sont nos petites abeilles !) en distribuant des messages clés tente par tente, d’une infirmière et son assistante en charge de la Santé Sexuelle et Reproductive, d’un pharmacien et de son assistant, de 6 gardes en charge de la sécurité et de la répartition des patients, de 3 agents d’entretien, d’un Manager, Jameel, et de la responsable du centre.

 Et moi !

En ayant pris la direction des services de Santé de Bardarash, la responsable est sensée prodiguer tous ces services et chaque nouveau projet lancé doit rentrer dans une des catégories du dessus. Autant vous dire qu’il y a du boulot et que je ne m’ennuie pas. Aujourd’hui, nous remplissons de façon plus ou moins optimale ces tâches.

Ce centre fonctionne correctement, les staffs font leur travail, le niveau est relativement élevé pour une mission humanitaire en termes de capacités (comprendre par là qu’au moment du recrutement, les gens savent déjà faire le travail pour lequel ils postulent. Les formations prévues par la suite ne sont que dans une optique de renforcement et développement de capacités, pas de formation initiale.).

              Il y a aussi ceux qui bossent AVEC nous : MSF propose des consultations psychologue, psychiatre 3 jours par semaine depuis fin janvier, un duo en charge des vaccinations (service fourni par le Département de la Santé Kurde), une ne personne en charge de la croissance et de la nutrition (service fourni par le Département de la Santé Kurde).

Pour toute la partie eau, hygiène et assainissement, c’est mon collègue Dagobert qui en est le responsable (un type extra avec qui je dois beaucoup coordonner les actions du camp et avec qui je m’entends très bien).

Tout ce petit monde travaille donc ensemble pour accueillir tous les jours, avec le sourire car c’est important, 150 à 300 patients. Dingue, on se croirait aux urgences. C’est la même chose mais en pas pareil.

Là, tous les gens viennent en famille (élément trés important puisqu’une famille normale au Kurdistan se compose d’environ une 10aine de personnes en ne comptant que les parents et les enfants, je ne vous parle même pas du reste !) Je vous laisse donc imaginer l’état des couloirs étroits du PHCC quand tous les patients ont décidé de venir en même temps !!!

Ce qui est intéressant pour moi dans ce poste de Responsable des Programmes Santé, c’est que j’ai un pied dans tous les projets qui touchent directement voire même indirectement à la Santé pour le Camp de Bardarash. Je suis aussi en charge de proposer et démarrer de nouveaux projets (à l’école par exemple pour faire de la prévention), de veiller au renforcement de capacités de mon équipe, de surveiller que les données sont collectées correctement pour que nous répondions aux attentes de nos bailleurs qui ont certaines exigences en termes de résultat et de mettre en place et développer des outils de suivi et d’évaluation

Bref, mon job c’est de faire en sorte que les services soient de bonnes qualités, les outils fun, les staffs compétents et les patients contents !

Voilà donc a peu près ce qui anime mes journées depuis que j’ai débarqué à Bardarash et croyez-moi, y a encore du boulot en plus de découvrir une culture nouvelle. Je peux vous dire que j’apprécie beaucoup la bouffe ! Nous sommes invités en moyenne une fois par semaine et il y a toujours à manger pour 50 personnes même si c’est un repas normal, ce que je trouve hallucinant. Parfois, je suis fatiguée de vivre dans un environnement où tout est commencé et rien n’est fini. Je commence à tisser des liens avec certains staffs ce qui me permet de passer du temps en dehors de la maison car c’est ma seule chance d’être vraiment plongée dans la culture et de voir autre chose que les 4 murs de ma chambre. Le printemps arrive à grands pas, le paysage commence à verdir ce qui est chouette quand on sait que dans deux mois tout sera déjà cramé par le soleil.

J’allais oublier toutes ces premières fois qui rendent un voyage excitant. C’est la première fois que je côtoie autant de moutons, que j’assiste à une tempête de sable, que je redoute un peu les avions et les orages, que je bois 4 à 6 thermos de thé par jour, que j’assiste à un mariage kurde (et ça vaut le détour),

que je suis heureuse de faire les boutiques lors d’un WE en ville et de trouver 4 nouvelles fringues !, que je reste autant de temps devant un bureau à écrire des rapports et créer des fichiers Excel, que je me sens organisée dans ma vie (pro ne nous méprenons pas), et que l’idée d’aller faire un pique-nique me fait vibrer !!!!

 

 

 

 

Juin 2015    DE L'ANGOISSE A L'ESPERANCE

 

CHEMIN DU CALVAIRE:

 

Il semble que la crise syrienne est le drame humain le plus cruel depuis la deuxième guerre mondiale…

Voici des chiffres dramatiques:

- 4/5 des syriens vivent sous le seuil de pauvreté.

 

- le nombre des réfugiés à l'intérieur et à l'extérieur de Syrie s'élève  à 12 millions.

 

 - 5,6 millions d'enfants ont été affectés par cette guerre dont trois millions sans école.

 

 

 

 

 

Ces chiffres sont  provisoires, car la guerre continue  et toujours sans issue. Sur la plan pastoral: baisse de la pratique religieuse jusqu'à 60%...  35 baptêmes en 2011..six en 2014.

La peur, la violence et l'intolérance accélèrent l'exode même par voie clandestine quitte à mourir noyés en quête d'un refuge quelconque loin de cet enfer.

 

 

CHEMIN DE L'ESPERANCE

 

Devant l'impasse et l'angoisse il fallait proposer un autre chemin…C'est ainsi que l'Eglise de Damas décide de passer à l'action en proposant deux chantiers:

 

1) Au plan humanitaire:

Mise en place de sept comités d'aide sociale qui couvrent l'ensemble des secteurs de  la ville et les proches banlieues. Ces équipes recensent les besoins et veillent sur la distribution des aides  à domicile dans la discrétion pour éviter les queues devant le bureau social et respecter l'anonymat des pauvres. Belle initiative de solidarité menée par des pauvres  réfugiés qui veillent sur d'autres plus  pauvres.

Deux équipes veillent sur le soutien scolaire et les malades chroniques et les personnes âgées...

 

2) Au niveau ecclésial:

Grâce à des prêtres héroïques, dans deux quartiers nous avons lancé l'aménagement d'un sous-sol et un appartement en lieux de culte. La cathédrale étant loin des fidèles il fallait s'implanter à proximité des fidèles..

Au moment où on détruit des églises et on chasse les chrétiens, voici des chrétiens démunis  et en danger, qui s'organisent pour construire deus petites chapelles.. Chacun donne ce qu'il peut ou offre son travail. D'autres prient un chapelet aux intentions de ces deux nouvelles églises...

Un mouvement de joie et d'espérance envahissent les cœurs et les esprits.. L'une des chapelles sera dédiée aux Martyrs de Damas. Il est vrai que ces chantiers n'avanceraient pas  beaucoup sans soutien financier de l'extérieur, mais le fait de réunir les fidèles autour de ces initiatives en ces jours douloureux, est en soi générateur d'Espérance Chrétienne et de Renouveau Spirituel..

Devant la  guerre et la violence Jésus  nous dit " je suis la Porte" Jn 10,9.."..Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie" Jn 14,6

 

                                                    +Samir NASSAR

                                                          Archevêque Maronite de Damas

                                           mgrsamirnassar@gmail.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les réfugiés devant la Crêche

 

La Syrie  en ce Noël ressemble le mieux à une crèche:
étable ouverte sans porte, froide, démunie et si pauvre..

L'Enfant Jésus ne manque pas de compagnons en Syrie..
Des milliers d'enfants qui ont perdu leurs maisons vivent sous des tentes
aussi pauvres que la Crèche de Bethlehem..

Jésus n'est plus seul dans sa misère.
L'enfance syrienne abandonnée et marquée par les scènes de violences
souhaitent même être à la place de Jésus
qui a toujours ses parents qui l'entourent et le chérissent…

Ce sentiment d'amertume est bien visible dans les yeux des enfants syriens,
leurs larmes et leur silence...

Certains envient l'Enfant Divin parce qu'il a trouvé cette étable pour naitre et s'abriter
alors que certains de ces malheureux enfants syriens sont nés sous les bombes
ou sur la route de l'exode.

Marie dans ses difficultés n'est plus seule ;
des malheureuses mamans moins chanceuses qui vivent dans l'extrême pauvreté
et assument les responsabilités familiales seules sans leurs maris..

La précarité de la crèche de Bethlehem
apporte une consolation à ces pauvres mamans
écrasées par des problèmes insolubles et le désespoir.

La présence rassurante de Joseph auprès de la Sainte Famille
est source de jalousie pour ces milliers de familles privées de papa,
privation qui nourrit la peur, l'angoisse et l'inquiétude.
Nos chômeurs envient Joseph menuisier qui épargne à sa famille le besoin.

 

Les bergers et leurs troupeaux voisinant la crèche,
parlent beaucoup aux nombreux éleveurs syriens
qui ont perdu 70% de leur cheptel dans cette guerre..

La vie nomade sur cette terre biblique qui remonte à Abraham
et bien avant,
disparaît brutalement avec ses vieilles coutumes d'hospitalité et sa culture traditionnelle.

Les chiens de ces bergers de Noël
compatissent sur le sort des animaux domestiques en Syrie.
Ravagés par la violence meurtrière,
ils  errent dans les ruines et se nourrissent de cadavres.

Le bruit infernal de la guerre étouffe le Gloria des anges …
Cette symphonie de Noël  pour la paix, cède devant la haine  la division et l'atrocité cruelle…

Puissent les trois mages apporter à la Crèche de Syrie,
les plus précieux cadeaux de Noël :
Paix, Pardon et Réconciliation ;
afin que brille à nouveau
l'ETOILE DE NOEL dans nos sombres nuits.

 

SEIGNEUR EXAUCE NOUS.

 

                                                        

Noël 2013. - + Samir NASSAR
Archevêque Maronite de Damas

 

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