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Visionnaire de l'invisible
La littérature

‘Christ, Seigneur et Fils de Dieu’
Beranrd Sesboué
(Lethielleux 2010)

 

 

L’histoire d’une inculturation réussie

 

 

 Le Père Sesboué, jésuite, a estimé devoir répondre au livre de Frédéric Lenoir « Comment Jésus est devenu Dieu » car pour ce célèbre théologien, la façon dont le directeur du ‘Monde des religions’ présente l’histoire de l’Eglise des premiers siècles met en cause  la foi en la divinité de Jésus : « … son ouvrage nous propose, dans un esprit qui plaît à notre temps, une réduction radicale du mystère du Christ en le ramenant dans les clous d’une raison immédiate et plus facilement acceptable. » (p.9). Pour F. Lenoir, les apôtres n’ont pas cru en la divinité de Jésus. Il a fallu quatre siècles de disputes théologiques, de déchirures pour que, aux yeux des croyants, Jésus devienne Dieu. Il est incontestable que l’histoire des premiers siècles de la vie de l’Eglise soit pleine de rebondissements pour trouver les mots justes, pour dire quel visage de Dieu Jésus a révélé par sa vie, ses gestes, ses paroles Ces recherches théologiques risquaient de briser l’unité de l’Eglise. Cette déchirure pouvait avoir des conséquences politiques, notamment ébranler l’unité de l’Empire. Aussi, l’empereur Constantin a bousculé les évêques pour qu’ils préservent l’unité de l’Eglise. Il les a forcés à se rassembler pour qu’ils trouvent un accord sur la nature de Jésus, peu lui importait le contenu de cet accord. Au bout de cette histoire pleine d’embûches, Jésus est proclamé Dieu pour les croyants.

Dans son livre, ‘Christ, Seigneur et Fils de Dieu’ paru chez Lethielleux (2010), le P. Sesboué met bien en évidence que F. Lenoir n’a pas creusé les questions que posait le mystère de Jésus. Personnellement, Jésus ne s’est pas proclamé Dieu. Cette affirmation n’aurait eu aucun sens  pour les juifs. Inspiré par le prophète Ezéchiel, il s’est dit le ‘Fils de l’homme’ : « Figure céleste, elle dit bien son origine : figure apocalyptique, elle ne devient réelle que par son accomplissement sur la terre. » (p.33) Jésus, par sa vie, son attitude, ses paroles et gestes a conduit progressivement ses disciples à le reconnaître comme messie et finalement à la foi en sa divinité. « Jésus nous révèle ce que c’est être Dieu en se manifestant lui-même. »  (p.25) Mais quel abîme (le scandale et la folie de la croix)  il leur a fallu franchir pour passer de la foi en Jésus Messie avant sa mort à la foi en le Ressuscité, Dieu fait homme. Pour eux, le crucifié est le ressuscité ne faisant qu’un avec Dieu, son Père. Jésus n’est pas devenu Dieu. Il l’est ou ne l’est pas. Le langage néotestamentaire a progressivement formulé la reconnaissance inouïe de sa divinité de Jésus. C’est une affirmation unique dans l’histoire de l’humanité. Pour les responsables de l’Eglise, non seulement il fallait affirmer que Dieu s’est fait chair mais en même temps exprimer leur foi en un seul Dieu en trois noms.

Quand l’Eglise s’est implantée dans le monde romain, quand la majorité des chrétiens furent des Latins et des Grecs, les disciples de Jésus ont dû rendre compte de leur foi dans le cadre de leur culture, en se servant des catégories culturelles et philosophiques de cette culture. Il a fallu traduire en un autre langage la foi véhiculée dans la tradition de type biblique. « Celui qui transmet doit donner le sens de ce qu’il annonce, celui qui reçoit doit intégrer le message de manière raisonnable à son projet de vie et à sa compréhension du monde. » (p114) Il a fallu l’intervention de l’empereur pour que les évêques évitent que l’Eglise se déchire, tellement ce travail d’inculturation de la foi dans la culture romano-grecque était délicat. Réunis en concile, les Pères de l’Eglise ont voulu « que les communautés chrétiennes d’Orient et d’Occident y reconnaissent, dans une expression culturelle nouvelle, la vraie foi qui les fait vivre. Sur ce processus de réception les empereurs sont restés sans prise. » (P.132). Le Père Sesboué éclaire bien la démarche du concile de Nicée qui est celle d’une ‘inculturation’ réussie.

Il faut lire ce livre pour comprendre par quels chemins les évêques sont passés pour que la ‘grande Eglise’ ne varie pas dans son acte de foi en Dieu fait chair. En restant fidèle à l’enseignement reçu du Nouveau Testament, ils ont évité que l’Eglise ressemble à une auberge espagnole où chacun apporte ses convictions, ses croyances.

Aujourd’hui, on parle beaucoup d’inculturation. L’histoire de l’Eglise se poursuit en fidélité à la mission que Jésus lui a confiée : aller proclamer la Bonne Nouvelle à toutes les nations. Parce que Dieu aime les hommes, « il est capable dans le paradoxe de se faire homme sans rien perdre de sa divinité. Une telle initiative dépasse la puissance et la sagacité de toute intelligence humaine. Elle demande cependant à être prise au sérieux et à être exprimée dans un langage cohérent, capable de parler à nos intelligences et de nous montrer que nous ne croyons pas en une fable grossière, mais en des réalités qui ont et font sens pour nous. » (p.166)

 

Novembre 2010
R.P.

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