L'Inculturation

 

La contribution précédente :
Les milieux populaires

La contribution suivante :
La tentation du christianisme

 


Toutes les contributions d'experts


Les textes de référence


Les Échos de la presse


Les contributions d'Iinterautes


Livres sur l'inculturation


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'inculturation / Contributions d'experts

 

 

Un curé de paroisse au défi de l’inculturation

 

A l’occasion d’une célébration d’un mariage à Gérardmer dans les Vosges, j’ai eu l’occasion d’échanger avec le curé de la paroisse. Comme nous parlions de la présence de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui, il me fit  un cadeau : sa thèse de doctorat sur l’inculturation qu’il présenta en 1989 à la faculté de théologie catholique de Strasbourg : ‘Problèmes d’inculturation de la foi chrétienne dans un monde qui se transforme.’ 

Nous le remercions vivement d’avoir accepté d’écrire cet article qui répond à la question qui lui était posée : ‘Pourquoi avez-vous choisi cette thèse et est-ce que  cette recherche sur l’inculturation influence actuellement vos initiatives pastorales ?’

R. P.

 

 Vous m'avez posé quelques questions relatives à cette thèse. Je réponds volontiers à votre question en me limitant à quelques réflexions.  Il m'est en effet difficile de résumer en quelques lignes la problématique de l'inculturation et tous ses champs d'application.

A la question de savoir pourquoi j'ai choisi cette thèse, je répondrais volontiers par le propos de mon ancien évêque, Mgr Vilnet, qui m'a ordonné : " Aujourd’hui, qui pourrait vivre en apôtre sans être pris dans le mouvement qui pousse l'Evangile et les cultures à se rencontrer ?"  : une    question pertinente que je me suis posée  bien avant mon ordination en 1967,  tout particulièrement  au cours de mes études universitaires et mes stages de travail en usine. En d'autres termes, comment dans un contexte sécularisé, inculturer la foi  chrétienne ?

Comment l'inculturer  dans  ces "espaces humains" que l'on appelle, "mondes","classes sociales",  "milieux socio-professionnels", espaces,  porteurs de valeurs laïcisées , sans  point de référence et d'ancrage dans" le transcendant " ; dans  une société  où le discours chrétien n'est   plus  dominant , où la  foi  est rejetée dans  la sphère du privé  ?

La réponse a été donnée dans les textes du Concile Vatican II où se trouvent définies une nouvelle conception de la culture et une nouvelle conception de la mission. Ces textes ont permis avec l'apport d'autres théologiens l'élaboration du concept d'inculturation.

              Un concept d'une grande fécondité, qui trouvera en particulier  de nombreux champs d'application dans la vie des jeunes Eglises, mais aussi dans l'agir missionnaire  de l'Eglise en  France, traversée par de nombreux défis, affrontée à des changements culturels majeurs. Prêtre au travail pendant quelques années et prêtre en paroisse, il m'a paru intéressant dans mon ministère  d'analyser ces défis et ces changements  appelant de nouveaux rapports entre les différentes cultures et la foi chrétienne. Je me suis employé ensuite à approfondir ce qu'il convient d'appeler "la problématique de l'inculturation".

 

En ce qui concerne les autres questions que vous me posez relatives à la pastorale locale (initiatives pastorales, vie de la communauté, initiatives de la part des chrétiens), je réponds ceci : Il y a d'abord un acte de foi qui peut se définir ainsi : L'inculturation  n'est pas de l'ordre de la stratégie, mais du mystère. Elle demeure une chose intérieure, spirituelle. Ou encore, elle est une affaire qui se passe de la façon la plus intime entre l'Evangile et la culture qui le reçoit. Pour exister, l'inculturation requiert  la grâce prévenante et aidante de Dieu  ainsi que le secours de l'Esprit qui touche le coeur et le tourne vers Dieu. On conçoit donc aisément qu'il y ait une pluralité d'expressions ou de formulations de la foi. Dans la perspective de l'inculturation, la foi ouvre sur un avenir illimité. Nous pouvons donc affirmer que l'Eglise ne doit pas être une Eglise unitaire et centralisée, mais une Eglise qui reconnaît dans les cultures diverses, la présence d'un même Esprit, se montre attentive aux expériences ecclésiales variées que suscite cet Esprit, s'ouvre à la confrontation interconfessionnelle. Il restera toujours malgré tout une tension entre foi et culture. le message évangélique transcendera toujours les cultures.

 

L'inculturation demeurera toujours une tâche à accomplir. Cette tâche est rappelée et précisée dans les projets diocésains. Les paroisses et les services veilleront donc à mettre en place les actions retenues dans ces projets. Ces actions visent toutes à rejoindre nos contemporains, à tenir compte de leur expérience, de leur parole, de leur vécu, à faire en sorte que l'annonce de la foi soit attestée d'une manière crédible et de façon lisible par le témoignage même des personnes et des communautés. Cette tâche est rappelée par les mouvements d'Action catholique, les équipes,  les services dont la préoccupation  demeure l'inculturation de la foi. Des lieux " privilégiés " d’inculturation, tels que la catéchèse, les médias, l'art, peuvent retenir davantage l'attention. Un grand travail reste à faire dans ces domaines pour arriver à coder la foi chrétienne en des termes accordés à une pensée de la communication, de la transmission  et pour  parvenir -dans le domaine de l'art- à de nouvelles créations pour notre temps.

Au plan local, la mise ne valeur du patrimoine religieux a aussi son impact. Rappelons aussi l'importance de toutes les propositions pour la formation. Les champs d'application de l'inculturation sont donc nombreux et variés. Tous indiquent que l'effort à consentir est onéreux.

L'Eglise est sans doute au seuil d'une ère nouvelle. Elle peut être une espérance pour le monde, si, s'investissant dans la rencontre entre l'Evangile et les cultures de notre temps, elle aide ce monde à progresser vers une unité qui ne soit pas de nivellement, mais d'accueil des différences.

 

Octobre 2011 - Père Daniel Voinson

 

 

 

 

Haut de page

Illustration tous droits réservés