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Notre foi interrogée par les mutations culturelles

Texte de référence

 

 

Pour une création nouvelle - © Virginie Lecomte

‘Je suis Charlie’

‘et je deviens plus humain avec l’humanité
et Dieu fait homme’.

 

Où règne le mal ?

Ce qui s’est vécu en France et actuellement au Moyen-Orient confronte l’humanité au mal à l’état pur. ‘Les autres’ sont-ils la source d’une cruauté humaine dont, seul parmi les vivants, l’homme est capable ? Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, écrit que le mal peut régner dans le cœur des juifs comme des païens. Il ajoute que les juifs ont la Loi pour leur faire prendre conscience de ce mal tandis que les païens ont leur conscience. Paul ne se pense pas au dessus du lot. Alors qu’à Lystre, des païens ont pris Paul et Barnabé pour des dieux, Paul leur rappelle qu’ils sont des hommes comme eux. Le pape François ne se définit-il pas comme un pécheur pardonné et aimé de Dieu ?

Tous, quelque soit leur position dans la société ou dans la religion, sont appelés à avoir un cœur circoncis, délivré du mal et en capacité d’accueillir dans leur cœur Dieu et toute l’humanité de couleur arc en ciel. Chacun a des forces intérieures pour abattre les murs qui séparent, excluent, divisent. Chacun, sans exception, est aimé de Dieu qui est prêt à lui donner son Esprit, sa force afin que les hommes s’accueillent et se respectent entre eux, se reconnaissant frères.

 

Aujourd’hui, nos forces pour lutter contre le ‘mal’ en nous et dans les sociétés peuvent être étouffées par notre civilisation.

Quand, lors de sa rencontre avec les participants à la rencontre mondiale des mouvements populaires le28 octobre 2014, le pape François a décrit le mal dont souffre notre société, il a parlé de nous tous.  « Un système économique centré sur le dieu argent a besoin de saccager la nature, piller la nature pour soutenir le rythme frénétique de consommation qui est le sien. Le changement climatique, la perte de la biodiversité, la déforestation ont déjà montré leurs effets dévastateurs dans les grandes catastrophes auxquelles nous assistons, et ceux qui souffrent le plus ce sont vous, les humbles, qui vivez près des côtes dans des habitations précaires et qui êtes si vulnérables économiquement pour perdre tout face à une catastrophe naturelle. Frères et sœurs : la création n’est pas une propriété dont nous pourrions disposer selon notre plaisir : et encore moins une propriété seulement de quelques-uns. La création est un don, c’est un cadeau, un don merveilleux que Dieu nous a donné pour que nous en prenions soin et l’utilisions au bénéfice de tous, toujours avec respect et gratitude. »

              David Graeber, anthropologue et docteur de l’université de Chicago, considère, de son côté qu’en ce début du 21ème siècle,  nous réduisons l’usage de la nature à notre intérêt égoïste  pour assouvir notre désir frénétique de consommation.

Avoir oublié que les hommes ont tous une dimension spirituelle a provoqué la réflexion du philosophe O. Rabut qui invoque les limites de la science sous toutes ses formes.  Il souligne dans ‘Dialogue avec Teilhard de Chardin’ Foi Vivante n°82 Editions du Cerf 1968 que la science risque de nous rendre sourd et aveugle : « La science ne remplace pas la morale. Souvent, ses partisans manquent de pénétration philosophique, souvent, ils n’ont pas le sens du spirituel et c’est par cécité qu’ils pensent résoudre les vrais problèmes. La science n’est pas un humanisme. Le problème de vivre, le seul en définitive,   était-il vraiment éclairé par elle jusqu’ici ? » (p 11) 

 

Jésus a éclairé d’une lumière nouvelle le mystère du mal et de la mort.

 « Suivons le Christ nu » disait St François d’Assisecar « Dieu se cache dans ce qui est petit, dans ce qui est en train de croître, même si nous ne sommes pas en mesure de le voir. » écrit le pape François dans La joie de l’évangile. Jésus, la plus belle image visible de Dieu, ne s’est-il pas  montré dans la crèche aux bergers capables d’entendre une voix venant d’ailleurs et aux mages chercheurs de Dieu ? Une autre visage de Dieu, ô combien déconcertante, est le Christ nu en croix. Sainte Thérèse d’Avila recommandait à ses sœurs de prier en ayant toujours sous les yeux un crucifix. On est en droit alors de se poser la question : mais que cache Dieu dans cette croix ? Jésus a été enfoncé par le pouvoir politique et religieux au cœur du mal insupportable dont souffre l’humanité, l’hypocrisie des responsables religieux, le manque de courage du pouvoir civil pour lutter sous toutes ses formes contre l’injustice qui va jusqu’à tuer et le manque de lucidité du peuple qui crie : ‘A mort’. Jésus, sur la croix, n’a pas caché la présence de Dieu. Les disciples de Jésus ont découvert dans l’attitude de Jésus sur la croix des signes puissants de cette présence de Dieu. Jean, son disciple bien-aimé qui l’a suivi jusqu’au bout, a témoigné que Jésus a donné son amour qui donne la vie en créant de nouveaux liens entre les hommes : à ses bourreaux quand il a demandé à son Père de leur pardonner, à un crucifié à côté de lui à qui il a promis d’être avec lui après la mort, à sa mère et à son disciple bien aimé en créant entre eux de nouveaux liens familiaux. Jean écrit dans son évangile que Jésus a fait luire « la lumière de la vie au monde ». (Jn 8,12). Sur la croix, Jésus n’a pas caché l’amour de son Père pour lui. Il l’a fait  par un acte de confiance dans la souffrance et une nuit intérieure : « Père, pourquoi m’as-tu abandonne ? » … « Père, je remets ma vie entre tes mains. » 

Saint Augustin écrit que Dieu n’intervient pas contre le mal. Il le subit courageusement, mais par sa mort il fait don de sa vie aux hommes de son Esprit-Saint pour les aider à créer un monde nouveau où chacun sera respecté dans son originalité et sa différence, où chacun pourra aménager un bout de terre pour vivre dignement.

« Qui veut me suivre, qu’il porte sa croix. »

Durant sa vie, Jésus n’a pas recommandé à ses disciples d’inaugurer un super marché où seraient vendus la liberté, l’égalité et la fraternité, valeurs phares de notre culture occidentale.  Le livre de l’Apocalypse révèle que la vie de l’humanité est un perpétuel enfantement toujours menacé par le mal (Apo 12) Aussi, après sa résurrection, Jésus a fait don à tous les hommes de son Esprit créateur qui fait germer notre désir de participer à la construction d’un nouveau monde. Il est vrai que dans un monde où règne la violence, des hommes et des femmes de tout âge, des enfants à l’imagination fertile peuvent continuellement créer des espaces où ils peuvent s’enrichir les uns les autres pour rechercher ensemble « ce qui contribue à la paix et ce qui associe les uns les autres en vue d’une même construction. »   (Rom 5,19). Pour réussir cette communion entre les hommes et les peuples, chacun de nous est appelé à se transformer sous la dynamique de l’amour, non seulement ce qui est source de mort en nous mais aussi ce qu’il y a de meilleur et de beau en chacun. Nous rendre serviteurs de la justice et de la vérité appelle non seulement à aimer les autres mais à s’aimer les uns les autres, à  se mettre à genoux devant l’autre pour lui laver les pieds mais aussi à accepter que l’autre me lave lui aussi mes pieds, comme l’a recommandé Jésus à ses disciples juste avant d’être condamné à mort : « …vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jn 13,14)

 

 

                     Les Mystères de mal et de la présence de Dieu

L’histoire de l’humanité s’est révélée pleine de réussites extraordinaires grâce au génie humain mais aussi dramatique à cause de la nature toujours en évolution et au mal qui gît dans le cœur de tout homme. Cette histoire reste encore aujourd’hui plein de mystères, notamment celui du mal et ce malgré les succès scientifiques et la réflexion des philosophes et la sagesse humaine.

 

 

Tout au long de l’histoire humaine, le mal a fait d’immenses des ravages. L’homme s’est cru un dieu ayant le pouvoir de tout se permettre. Il a cru pouvoir réaliser ses désirs en décrétant  ce qui est bon et mauvais pour lui. Il a tué son frère, il a abîmé la nature, il a voulu effacer toute différence entre homme et femme, entre les peuples, et ce pour assouvir sa soif de pouvoir… Dieu, voyant l’homme vivre ainsi, ne fait pas un discours sur le mal mais il fait chaque fois un geste pour tirer l’Homme du néant dans lequel il s’est enfoncé… Il donne un vêtement à Adam et Eve pour qu’ils retrouvent leur dignité, il marque Caïn pour qu personne ne le tue et puisse créer la première cité, la première civilisation et qu’il ait le temps de prendre conscience de son geste meurtrier, il appelle Noé à sauver les vivants d’un déluge, il provoque l’arrêt de la tour de Babel afin que chacun puisse se réaliser selon sa différence, sensibilité, sa réflexion, ses besoins… Dieu n’explique pas le mal mais s’implique dans l’histoire de l’homme qui humanise et déshumanise le monde.

La Bible hébraïque révèle que Dieu reste et restera n mystère pour l’homme c’est-à-dire que l’homme n’aura jamais fini de Le reconnaître.

Isaïe peut nous aider à entrevoir que fait Dieu dans l’univers bien qu’il dise à Dieu « Pour sûr, tu es un Dieu qui se cache. » (Is 45,15)
«  Longtemps, j’ai gardé le silence,
je me suis tu, je me suis contenu.
Je gémis comme celle qui enfante,
je suffoque, je cherche mon souffle... » (Is 42,14)

 

              Le prophète Isaïe n’hésite pas à comparer Dieu à une femme qui souffre les douleurs de l’enfantement. Dieu est prêt à vivre une avec une aventure avec ses risques et ses grandeurs.
« Comme la terre fait éclore son germe,
et le jardin germer ses semences,
le Seigneur Dieu fera germer la justice
et la louange devant toutes les nations. » (61,11)

 

              Isaïe précise ce que Dieu enfante dans le monde, non pas des prodiges mais la justice. Aussi, les hommes peuvent trouver la trace de Dieu dans le monde là où la justice germe à condition qu’ils acceptent de ne voir Dieu que de dos. A la suite du prophète Isaïe, nous pouvons nous dire que notre représentation de Dieu est juste quand elle sert la vie et la dignité de l’homme, de son humanité.

À travers sa discrétion, Dieu manifeste quelque chose de déstabilisant pour ceux qui croient que Dieu sait tout : Il n’a de plan préétabli à offrir ni pour la vie de l’Homme, ni pour conduire l’Homme à Le reconnaître. On peut pressentir que Dieu n’a  voulu ni que l’Homme s’aliène et démissionne en se tournant uniquement vers Lui, ni être pris comme un objet utilitaire.

Par son silence et non par son absence, Dieu a voulu respecter notre liberté pour vivre cette aventure d’enfantement de la justice avec nous. Le visage de Dieu est illuminé par son immense respect pour la liberté de l’Homme et ce qu’elle lui permet d’engendrer. Le mystère de sa discrétion révèle le mystère de son immense amour pour les hommes, amour qui peut paraître à certains d’entre nous, scandale vu les souffrances que les hommes subissent, à d’autres, folie vu ce que les hommes sont capable de réaliser pour assouvir leur soif de pouvoir, leur besoin de réaliser leur moi selon uniquement leurs désirs, pour d’autres comme un psalmiste: « Ton amour est plus grand que les cieux. » Pourtant il n’hésite  pas à mettre ces paroles dans la bouche de Dieu :
 « Quand tu criais sous l’oppression… je répondais caché dans l’orage. ».
Qui aurait pensé que Dieu se manifesterait lui-même dans une crèche ! 

 

Février 2015 - Eric Seynave   Robert Pousseur

 

 

 

 

 

 


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