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Les Arts Plastiques

 

 

 

 

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L'Église de notre temps à l'écoute des artistes en Arts plastiques

 

Marie-Clémentine Marès expose ses gravures

 

 

En venant en résidence à l’Abbaye de La Prée, je pressentais ce qui allait être le thème central de mon travail durant ces deux ans,  résidence qui a été aidée par l’accueil chaleureux que j’ai reçu au centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Noirlac. La réalisation de ce projet a été facilitée par le partenariat que j’ai pu établir avec l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Bourges.

L’exposition ‘Résidences’ présente une série de gravures inspirée par l’atmosphère particulière commune aux différents lieux cisterciens: lieux d’imprégnation intérieure, lieux où la lumière vient dessiner un espace au-dedans et un espace au dehors de soi-même.

C’est la pureté de cette architecture, faite de passages d’ombres et de lumières, de silence, d’absence ou de présence que je cherche à transcrire, en restituant  la relation des lignes architecturales entre elles, en les faisant converser avec « le dehors ».

Comment cette architecture prend-elle corps dans la pierre et comment entretient-elle un dialogue permanent avec la lumière ?  Comment moi-même fais-je écho à l’espace nu de ce lieu  et comment les volumes sans cesse changeant par l’action de la lumière me pénètrent de leur spiritualité?

 

 

 

Après un premier travail de croquis, peinture et photographie,

 j’ai voulu restituer en eau-forte

 les passages d’ombres et de lumières, les silences,

traduits par les contrastes et par les subtilités des matières.

L’ouverture étroite de la fenêtre,

si caractéristique de ces architectures

est rendue visible par les blancs du papier ;

elle structure et rythme l’espace.

De cette idée est née la suite des « Fragments » :

de vide, de plein, de lumière

ponctués par la présence des murs, des colonnes et des vitrages.

 


 

              Ayant été touché par le travail de cette artiste, nous avons désiré prolonger sa réflexion en lui posant deux questions :

 

 

 

Qu'est ce qui vous frappe dans le monde aujourd'hui ?

 

Dans le monde aujourd'hui, ce qui me frappe et en même temps me fait peur aussi parfois, c'est le culte de la rapidité. Le "toujours plus vite" me semble tellement contre nature!  C'est peut-être la raison pour laquelle j'ai choisi intuitivement la gravure comme médium d'expression principal car cette technique impose une lenteur à l'intérieur même de son procédé. Une lenteur salvatrice qui me permet de poser ma pensée dans le temps et lui laisser une chance pour évoluer, se modifier, mûrir aussi. Concrètement, on ne peut pas aller plus vite que le séchage des vernis, que l'effet de l'acide sur la plaque... et la pensée voyage ainsi d'étape en étape jusqu'à ce que la matière apparaisse sur le papier à ce moment ultime qu'est l'encrage suivi de l'impression de la plaque. La gravure est une technique exigeante qui peut décourager plus d'un mais pour ceux qui persévèrent elle rend au centuple à celui ou à celle qui sait se nourrir de cette lenteur dans l'élaboration. La pensée s'élabore au fil des étapes, par la multitude des choix à faire à tout moment. Elle dialogue en aller retour constant avec la matière; cette matière peut être le fruit d'un geste comme d'une succession de tentatives plus ou moins désespérées pour trouver la justesse d'un mouvement, d'une ligne, d'un contraste. Si on choisit bien sûr de ne pas les effacer, la plaque garde la mémoire du passage de tous ces gestes. En se révélant peu à peu au fil des étapes, des bains d'acides successifs, la matrice peut m'enseigner sur moi-même et sur la matière qu'elle porte en elle. Je peux choisir d'accepter ce qu'elle me révèle comme je peux le refuser. En fin de compte ce sera un geste maladroit +un autre geste+un autre geste qui pourront à eux tous nourrir et guider ma démarche dans un sens ou dans un autre.

 

 

 

 

 

L'Ecriture Sainte, les textes, les poèmes, les artistes… que vous aimez lire, méditer, contempler changent-ils votre regard sur l'humanité? En quoi illuminent-ils votre recherche ?

Comment le traduisez-vous dans vos créations ?

  Remonter à rebours les nombreux éléments qui nourrissent une recherche est une chose difficile et en même temps instructive. Le voyage intérieur est pour moi une grande question. J'ai une mauvaise mémoire et suis une lectrice médiocre; par contre je peux me nourrir très en profondeur de certains petits textes qui m'arrivent en main, comme me nourrir de lieux ou de personnes dans ce qu'ils disent de leur présence. Ce peut être une musique aussi, un film, un rêve, il faut que l'esprit soit disponible pour l'intérioriser. Un livre qui m'a beaucoup marqué avant même que je commence la gravure ce sont les "lettres à un jeune poète" de Reiner Maria Rilke. Il exprime si bien l'aventure intérieure à laquelle on doit se préparer dans tout cheminement artistique... Cohabiter avec ses zones d'ombre, voir opaques même, c'est aussi accepter que le travail réalisé ne soit pas conforme à ses espérances, que ce travail porte en lui toutes les imperfections d'un geste mal contrôlé, ou d'un non choix même. Et si je choisis d'inscrire tout ça dans le temps, je me dis que demain ou même après-demain sera différent et sera enrichi de cette expérience. C'est accepter la déception et la fragilité comme étant fondatrice pour l'oeuvre en devenir. Dans ce sens je peux dire que la gravure est une technique contemplative. Quand la recherche prend sa juste expression alors c'est une joie profonde qui s'installe.

La recherche autour de la série "Fragments" m'a été inspirée par une phrase de Luc "avance en eau profonde". Parfois les profondeurs sont bien inquiétantes, et c'est un risque que de s'y aventurer; ça veut dire aussi lâcher les filets qui nous retiennent, laisser passer aussi les faisceaux de lumière qui transcenderont les ténèbres. C'est une cousine proche qui m'avait fait la demande d'une gravure à partir de ce passage, c'est finalement ce qui a conduit mes recherches sur le sens de la lumière dans les édifices cisterciens.


mcmares.over-blog.com

 

 

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